Le constructeur automobile allemand Opel, filiale de l'américain GM en cours de restructuration, n'en finit pas de souffrir de la crise en zone euro et va de nouveau recourir au chômage partiel dans des usines en Allemagne.
Le jour même de son 150ème anniversaire, Opel a annoncé jeudi 20 jours de chômage partiel pour environ 9.300 salariés dans la production à partir de septembre et l'administration à partir d'octobre dans ses usines de Rüsselsheim près de Francfort et de Kaiserslautern (ouest).
Cela représente près de la moitié de son effectif de quelque 22.100 personnes en Allemagne. En Europe, Opel et sa marque jumelle britannique Vauxhall emploient près de 40.000 salariés.
"Le marché automobile européen s'effondre" et les mesures utilisées jusqu'à présent pour s'adapter à la baisse du volume de production ne suffisent plus, a justifié le membre du directoire d'Opel chargé du personnel, Holger Kimmes.
"Le chômage partiel est à présent la bonne mesure (à prendre) pour traverser cette phase de faiblesse du marché", a-t-il estimé.
"L'introduction du chômage partiel garantit des emplois", a assuré de son côté le président du comité d'entreprise d'Opel, Wolfgang Schäfer-Klug.
Le chômage partiel est subventionné par l'Etat allemand, qui prend en charge l'indemnisation partielle des salariés concernés.
Cet instrument, gonflé pour l'occasion, a été massivement utilisé par les entreprises allemandes durant la crise de 2008-2009, y compris par Opel jusqu'au début de l'année 2010, et a permis d'éviter une explosion de licenciements.
Y revenir pour Opel est un nouveau signe criant de sa faiblesse et de son exposition à la crise de la zone euro. Les autres constructeurs allemands Volkswagen, BMW et Daimler y résistent beaucoup mieux grâce à leur positionnement plus haut de gamme, et à leur solide implantation dans les marchés émergents comme la Chine, dont Opel est absent.
Selon une récente étude du Centre de recherche automobile de l'université de Duisburg-Essen (nord-ouest), Opel a perdu 938 euros par voiture vendue au premier semestre à cause d'une rentabilité en berne.
A titre de comparaison, le français PSA Peugeot Citroën, qui connaît également de graves difficultés, a enregistré une perte de 789 euros par voiture sur la même période, Ford Europe une perte de 583 euros, Fiat de 142 euros tandis que Renault a réalisé un petit bénéfice (65 euros par unité), selon l'étude.
A cause des difficultés d'Opel-Vauxhall, General Motors a perdu 400 millions de dollars au deuxième trimestre en Europe après une perte de 256 millions de dollars au premier trimestre. Ses pertes cumulées devraient atteindre 1 milliard de dollars sur le Vieux Continent cette année.
Perdant patience, GM a obtenu en juillet la démission du patron d'Opel Karl-Friedrich Stracke, en poste depuis quinze mois seulement, et a demandé d'accélérer la restructuration de la marque. Un nouveau plan de redressement en cours d'élaboration est attendu pour cet automne.
Opel a annoncé en juin avoir entamé des négociations avec le syndicat IG Metall et les différents conseils représentatifs des salariés du groupe pour prolonger jusqu'à fin 2016 un accord précédent excluant tout licenciement et fermeture d'usine en Allemagne d'ici à fin 2014.
Cet accord avait été la concession de GM en échange d'obtenir la suppression de 8.000 postes en Europe et la fermeture complète de l'usine d'Opel à Anvers (Belgique).
Son usine de Bochum dans la Ruhr (nord-ouest de l'Allemagne) fait notamment régulièrement l'objet de rumeurs de fermeture.
Les salariés d'Opel s'inquiètent également des conséquences pour eux d'un partenariat entre GM et PSA Peugeot Citroën, conclu en février et dont les détails ne sont pas encore connus.