PARIS (Reuters) - Les ténors du PS, Manuel Valls en tête, ont taclé mercredi une droite "destructrice" de "modèle social" lors d'un meeting destiné à remobiliser un camp divisé par le débat sur la loi Travail, source de troubles sociaux depuis des semaines.
Les projets de l'opposition, qui prépare sa primaire en vue de l'élection présidentielle de 2017, a constitué le fil rouge de la réunion organisée à Paris, où le Premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, et le Premier ministre ont notamment pris la parole devant un demi-millier de militants.
Alors que la France reste secouée par des troubles sociaux à deux jours du début de l'Euro de football, Manuel Valls a décrit un pays "à un tournant", partagé entre les "crispations", la "violence qui s'immisce dans le débat public" et "un besoin d'oxygène, de débat, de participation, de réforme".
"Oui, nous nous sommes mal expliqués", a-t-il reconnu à propos de la loi Travail défendue par Myriam El Khomri, présente dans la salle. "La division dans nos rangs nous a tous fait du mal et nous a séparés des Français".
Comme avant lui le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, un proche du président, le Premier ministre a invité à être "fiers" du travail accompli dans le quinquennat de François Hollande, qui a déçu nombre de socialistes.
"CONCOURS LÉPINE DES MESURES LIBÉRALES"
"Je n'accepte pas ces procès en trahison de la gauche, ces anathèmes (...) à un moment où nous devons être forts, a-t-il dit à l'adresse des "frondeurs" socialistes. "Peut-être que nous sommes en train de réussir".
Une partie de son discours a ciblé la droite à travers les programmes des candidats à la primaire, tous soucieux de baisser drastiquement la dépense publique.
Face à ce "concours pour renverser la table et être en même temps à chaque fois de plus en plus durs", Manuel Valls a fait remarquer que "ce n'est pas seulement un modèle social que nous devons protéger mais un modèle, celui de la France."
Avant lui à la tribune, Jean-Christophe Cambadélis s'est plus franchement déchaîné contre l'opposition, à l'heure où l'ancien président Nicolas Sarkozy était en meeting à Lille. [nL8N19057B]
Soucieux de mobiliser le "premier bataillon de ceux qui vont mener la contre-offensive dans ce pays", il a opposé la "gauche constructive" à la "droite destructrice".
Le patron des socialistes a mis dos à dos la droite et l'extrême droite, dénonçant un "concours Lépine des mesures libérales" et "un concours Le Pen des mesures identitaires".
Le programme de l'ancien Premier ministre Alain Juppé, favori de la primaire ? "La casse sociale mais avec le sourire, l'austérité heureuse en somme", a-t-il ironisé. "Alors oui, au secours, la droite revient. Mais aujourd'hui elle prévient".
Applaudie debout par une salle par ailleurs dépourvue d'enthousiasme, Myriam El Khomri s'est déclarée quant à elle "réformiste, et très fière de l'être".
La loi défendue par la ministre du Travail doit être débattue à partir de lundi au Sénat, avant de revenir en juillet en seconde lecture à l'Assemblée nationale. Le gouvernement a annoncé qu'il rétablirait la version, à quelques ajustements près, sur laquelle il a engagé sa responsabilité en première lecture.
Avant le meeting de mercredi soir, la police a tenu à l'écart à quelques rues de là un groupe d'environ 150 manifestants hostiles à cette loi, où figuraient notamment des militants de la CGT engagés dans un bras de fer avec le gouvernement.
(Elizabeth Pineau)