Le procès de l'ex-banquier suisse, Rudolf Elmer, qui a remis à plusieurs reprises à WikiLeaks des données sur de présumés fraudeurs du fisc, a débuté mercredi à Zurich, a constaté un journaliste de l'AFP.
M. Elmer, qui a été un dirigeant de la banque Julius Baer aux îles Caïmans pendant huit ans, doit répondre des chefs d'accusation de violation du secret bancaire, coercition et menace.
Il est notamment accusé d'avoir transmis des noms de clients à des médias et au fisc suisse, après avoir été licencié par son employeur, l'une des premières banques privées suisses, en raison de "désaccords". Il avait emporté avec lui de nombreux documents internes avant de quitter l'établissement.
A la suite de ces informations, selon la presse suisse, des poursuites pour évasion fiscale dans plusieurs pays ont été engagées contre certains des clients de la banque.
Devant le tribunal de première instance de Zurich, le procureur a répété mercredi les chefs d'accusation, expliquant que M. Elmer avait à plusieurs reprises menacé par courriel et télécopie des membres de la banque et avait été à l'origine d'une alerte à la bombe dans l'établissement, ce que le prévenu a contesté.
Vêtu d'un costume noir et d'une chemise rose saumon, M. Elmer, 55 ans, s'est défendu en racontant devant la cour et une cinquantaine de journalistes avoir perçu au fur et à mesure, et grâce à sa fonction de directeur, que les activités de Julius Baer aux îles Caïmans étaient "immorales, non conformes à l'éthique et avaient pris un tour criminel".
Ce constat l'a amené, a-t-il poursuivi à la barre, "à agir contre le système bancaire offshore (pour le compte de clients non résidents)".
M. Elmer a par ailleurs réfuté avoir, en 2004, proposé dans un courriel envoyé à la banque de rendre les données en sa possession contre le versement de 50.000 dollars (37.000 euros).
Le procureur, dans son plaidoyer, a estimé que l'ex-banquier n'était pas le dénonciateur du secret bancaire qu'il prétendait être et qu'il s'était inventé ce rôle après son licenciement.
Lundi, M. Elmer a remis au fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, deux nouveaux CD contenant, selon lui, les noms de clients de banque ayant cherché à échapper au fisc.
Selon le juge, Sebastian Aeppli, le jugement devrait être rendu dans l'après-midi.