Total "sera amené" à faire de nouvelles restructurations en France, a averti vendredi son PDG Christophe de Margerie, sans toutefois évoquer de projet ou de calendrier précis.
"Un chef d'entreprise n'est pas là pour faire de la politique, il est là pour faire progresser sa société et faire en sorte qu'il participe au bien-être général", a déclaré le patron de Total à la tribune de l'université du Medef à Jouy-en-Josas (Yvelines)
"En France certainement c'est possible, même si cela nécessite encore un certain nombre de restructurations et vous savez que Total sera amené comme d'autres à en faire", a-t-il lâché.
La déclaration intervient alors que le groupe a convoqué pour mercredi un CCE concernant un "projet d'avenir" pour le site pétrochimique de Carling en Moselle. Selon des sources syndicales, Total pourrait annoncer l'arrêt du vapocraqueur, la principale installation du site, et la suppression de quelque 200 emplois nets sur les 550 du site, dans un secteur pétrochimique européen à la peine. Le groupe s'est refusé à tout commentaire.
Les restructurations passées de Total, qui réalise des bénéfices nets annuels au-delà des 10 milliards d'euros, ont souvent entraîné des polémiques, comme lors de la fermeture de la raffinerie de Dunkerque en 2009-2010.
Devant son auditoire de l'université du Medef, Christophe de Margerie s'est livré à un appel au redressement économique de la France, dénonçant un "problème d'attitude" et appelant à "arrêter de considérer que la mondialisation est un mal".
"Non, notre pays n'est pas en décadence mais il doit se reprendre en main", a-t-il lancé.
Interrogé par la suite par des journalistes, M. de Margerie a également jugé que la forte hausse du baril de pétrole observée depuis l'annonce de possibles bombardements occidentaux en Syrie était à son avis "temporaire".
"Il est clair que ça va avoir une répercussion. Ceci étant, et j'insiste beaucoup, c'est à mon avis temporaire, c'est une réaction du marché à une situation effectivement qui inquiète", a-t-il souligné.
"Il s'agit d'une région (le Moyen-Orient, ndr) d'où vient aujourd'hui près de 40% du pétrole mondial donc il est légitime que les marchés bougent. Ceci étant dit, je pense qu'ils rebaisseront aussi vite qu'ils sont montés", a-t-il ajouté.
Le cours du baril de Brent --référence du marché en Europe-- était monté mercredi jusqu'à 117,34 dollars, son niveau le plus élevé depuis fin février et près de 10 dollars de plus que début août.
"Les politiques devraient savoir que quand on prend des décisions --c'est à eux de les prendre, ce n'est pas à moi, ce n'est pas à moi de décider si elles sont courageuses ou pas -- on ne peut pas avoir quelque chose et son contraire", a souligné le patron de Total.