Wall Street, troublée par l'incertitude sur l'avenir des largesses de la banque centrale américaine (Fed), se saisira la semaine prochaine de données cruciales pour l'économie des Etats-Unis pour tenter d'y voir plus clair.
Au cours des cinq dernières séances, le Dow Jones Industrial Average, indice vedette réunissant 30 valeurs de la Bourse de New York, a reculé de 0,13% pour finir à 14.810,31 points, reculant pour la quatrième semaine consécutive.
Le Nasdaq, à dominante technologique, a lui aussi flanché, de 1,85% à 3.589,87 points.
L'indice élargi Standard & Poor's 500 a fini la semaine en repli de 1,83% à 1.632,97 points.
"La semaine prochaine seront publiées trois importantes données, les dernières les plus importantes avant la réunion du FOMC" (comité de politique monétaire de la Fed, ndlr) des 17 et 18 septembre, souligne Lewis Alexander, de la banque Nomura.
Ces indicateurs mensuels, poursuit-il, concernent l'activité des industries manufacturières aux Etats-Unis, attendue mardi, les ventes de véhicules, publiées mercredi, et surtout, critère ultime de décision pour la Fed, la situation sur le front de l'emploi et du chômage, objet du rapport officiel qui arrivera vendredi.
De bons indicateurs devraient encourager la Réserve fédérale à réduire petit à petit ses injections massives de liquidités sur les marchés financiers, un durcissement de sa politique évoqué depuis mi-juin par certains de ses membres.
"Les marchés sont très sensibles à cette question et par conséquent devraient réagir assez vivement" à la publication des indicateurs, prédit M. Alexander.
Ces derniers temps ont été marqués par des signes contradictoires sur l'économie américaine ne permettant pas vraiment aux investisseurs d'anticiper la réponse qu'apportera, d'ici moins de trois semaines, l'institut bancaire, qui injecte actuellement 85 milliards de dollars par mois via des rachats d'actifs pour tenter de vivifier la reprise.
Ils ont donc fait preuve d'une extrême prudence, après les records atteints jusqu'au début du mois, faisant d'août le pire mois depuis mai 2012, selon S&P Capital IQ.
"La parution du Livre beige de la Fed sera aussi scrutée", note à cet égard Peter Cardillo, de Rockwell Global Capital. Le livre beige dresse un bilan de l'activité économique au cours des six semaines passées, sur la base des renseignements glanés par les antennes locales de la Réserve fédérale.
Selon M. Cardillo, le contexte de croissance seulement "modérée" associée au problème du plafond de la dette aux Etats-Unis et aux tensions géopolitiques à cause de la Syrie va peser sur les marchés la semaine prochaine.
Après le "non" du Parlement britannique contre une intervention unilatérale, l'éventualité de frappes militaires occidentales contre le régime de Bachar Al-Assad, accusé d'avoir fait usage d'armes chimiques contre sa population, dépendra surtout la semaine prochaine des Etats-Unis et de la France.
Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a évoqué vendredi une action ciblée sans troupes au sol contre la Syrie, et qui ne serait pas "infinie" dans le temps, ne souhaitant pas reproduire le cas de l'Irak.
"La situation en Syrie pourra s'avérer explosive, mais le marché a déjà intégré cette éventualité", estime Peter Cardillo.
Selon Lee Munson, de Portfolio LLC, les craintes sur la Syrie ont "mis de côté de meilleures perspectives de croissance économique" mais "ne devrait pas plomber à long terme les marchés, sauf si quelque chose d'imprévu se passe".
"Il n'y a pas d'impulsion à l'achat, nous entrons dans un nouveau mois avec beaucoup d'incertitude", résume David Levy, de Kenjol Capital Management. Dans un tel contexte, "je ne vois pas non plus de catalystes majeurs qui pourrait faire monter le marché bien haut d'aujourd'hui à mi-septembre".
Sans compter que "le mois de septembre est traditionnellement une période faible pour le marché actions", fait remarquer Peter Cardillo. Il commencera en tout cas par un jour férié lundi aux Etats-Unis, qui célèbrent la fête du travail.