Rudolf Elmer, un ancien banquier suisse célèbre pour avoir remis des données sur de présumés fraudeurs du fisc à WikiLeaks, a été reconnu coupable mercredi de violation du secret bancaire par la justice helvétique qui l'a fait à nouveau arrêter sitôt le procès terminé.
Le tribunal de première instance de Zurich a condamné M. Elmer, 55 ans, à une amende de 7.200 francs suisses (5.500 euros), assortie d'un sursis de deux ans.
A peine sorti de son procès, M. Elmer a été une nouvelle fois arrêté par la police helvétique vers 18H30 (17H30 GMT).
"Une nouvelle procédure pénale contre Rudolf Elmer a été ouverte en raison de violations présumées de la loi bancaire", a expliqué la police cantonale de Zurich dans un communiqué.
Les raisons de cette nouvelle arrestation sont, précise-t-elle, les deux disques de données bancaires que le banquier a remis lundi au fondateur du site WikiLeaks Julian Assange à Londres. Il s'agit désormais de comprendre si M. Elmer a de ce fait une nouvelle fois enfreint la loi bancaire suisse.
M. Elmer venait d'être reconnu coupable par le tribunal de première instance de Zurich, d'avoir "violé le secret bancaire à plusieurs reprises", de coercition et de menaces contre son ancien employeur, la banque Julius Baer, spécialiste de la gestion de fortune.
Le juge Sebastian Aeppli n'a toutefois pas suivi la requête du procureur réclamant une peine de prison de huit mois ferme, condamnant au final M. Elmer à une peine relativement légère.
Le tribunal a malgré tout retenu les arguments de l'accusation selon lesquels le prévenu avait fait "pendant des années partie du monde bancaire" et en avait "profité". La motivation de M. Elmer n'a pas été la lutte contre l'évasion fiscale, selon M. Aeppli, mais "son licenciement".
M. Elmer, qui a été un dirigeant de la banque Julius Baer aux îles Caïmans pendant huit ans, avait été "remercié" par son employeur en 2002, en raison de "désaccords". Furieux, il n'était pas parti les mains vides, emportant avec lui de nombreux documents internes.
Des informations qu'il avait ensuite transmises au fisc suisse ainsi qu'à des médias, s'attirant les foudres de son ancien employeur. En 2007, il avait également fourni des premiers documents à WikiLeaks.
La banque assurait que l'homme n'avait agi que par dépit, en raison de son licenciement, ce que M. Elmer a toujours nié.
L'ancien banquier, qui se présente comme un "critique du système", a admis mercredi avoir commis des erreurs dans sa croisade contre Julius Baer et l'évasion fiscale, mais a une nouvelle fois nié avoir agi "par pure vengeance".
"J'ai vraiment commencé à comprendre la situation, lorsque je me suis trouvé là où est l'argent", sur les îles Caïmans, a expliqué M. Elmer au cours d'une conférence de presse.
Les motivations réelles de l'ancien banquier ont été au coeur de cette journée de procès, les parties dressant un portrait antinomique de l'énigmatique personnage.
Son avocat, Me Ganden Tethong Blattner, n'a pas hésité à parler de "combat de David contre Goliath" expliquant que son client "devait être réduit au silence mais il n'a pas dévié de son objectif", soit dénoncer l'évasion fiscale.
Le procureur, Mme Alexandra Bergmann, a pour sa part donné une tout autre image de l'accusé, expliquant que M. Elmer avait à plusieurs reprises menacé par courriel et télécopie des membres de la banque.
Mme Bergmann avait également affirmé dans son réquisitoire que l'ex-banquier n'était pas le dénonciateur du secret bancaire qu'il prétendait être et qu'il s'était inventé ce rôle après son licenciement. Un avis suivi par le juge.