Le chômage a atteint un nouveau record dans la zone euro et a touché en particulier de plein fouet les pays du sud soumis à une forte austérité, montrant que si la crise financière se calme la crise sociale, elle, ne connaît aucun répit.
Le taux de chômage a atteint 10,8% en février. Il n'avait jamais été aussi élevé depuis juin 1997 avant la création de la zone euro, a indiqué lundi l'office européen de statistiques, Eurostat. Il s'agit du dixième mois de suite au cours duquel le chômage a atteint ou dépassé le seuil de 10%.
Et la situation a peu de chances de s'améliorer à court terme.
Pour preuve, l'indice PMI également publié lundi a mis en évidence que le secteur industriel s'est nettement contracté en mars, sous le coup d'une baisse des nouvelles commandes et d'une hausse des prix du pétrole. Avec à la clé, de nouvelles réductions d'effectifs à attendre.
L'emploi a ainsi atteint en mars son plus fort taux de contraction depuis deux ans, selon les données compilées par l'institut Markit qui publie l'indice PMI.
"Avec une probable contraction de l'activité au premier trimestre et le danger d'une contraction plus prononcée au deuxième trimestre, le chômage en zone euro a de fortes chances de dépasser les 11% cette année", avertit Howard Archer, analyste de la société d'études IHS Global Insight.
Selon les calculs d'Eurostat, déjà 17,13 millions de personnes étaient au chômage en février dans les 17 pays de l'Union monétaire, soit 162.000 de plus que le mois précédent et 1,47 million de plus qu'un an auparavant.
Le tableau est toutefois contrasté: en Allemagne, première économie de la zone euro, le marché du travail est convalescent et le chômage à seulement 5,7% en février.
Dans le même temps, l'Espagne continue de tutoyer des sommets avec ses 23,6% de chômeurs, suivie par la Grèce avec 21% de chômeurs (où les dernières données concernent le mois de décembre), le Portugal (15%) et l'Irlande (14,7%). En Italie, le chômage a atteint un nouveau record, à 9,3% en février.
"La flambée du chômage dans les pays du sud tient en grande partie à des facteurs structurels mais reflètent également les conséquences douloureuses des mesures draconiennes imposées" pour réduire les déficits suite à la crise de la dette, estime Jennifer McKeown de Capital Economics.
Cette situation affecte lourdement les moins de 25 ans: en février, un jeune sur cinq était au chômage dans la zone euro, principalement dans les pays du sud. En Espagne et en Grèce, le phénomène touche carrément un jeune sur deux.
Autant de paramètres qui vont peser sur la consommation, d'autant plus que les prix du pétrole grimpent, maintenant une pression importante sur les prix.
"Ces écarts vont encore rendre plus compliquée la tâche de la Banque centrale européenne" (BCE), relève Martin Van Vliet de la banque néerlandaise ING.
L'institut monétaire, qui se réunit mercredi à Francfort, a pour principale mission de surveiller la hausse des prix. Mais la dégradation économique l'a poussé à prendre un certain nombre de mesures exceptionnelles de soutien et à baisser son principal taux directeur à un niveau historiquement bas dans l'espoir de soutenir la croissance.
La BCE devrait toutefois rester attentiste cette semaine et maintenir son taux directeur inchangé pour le quatrième mois consécutif.
Dans l'ensemble de l'Union européenne, le taux de chômage s'est inscrit à 10,2% en février, un record absolu pour les 27 pays de l'UE. Aux Etats-Unis, le taux de chômage était de 8,3% en février. En janvier, il était de 4,7% au Japon.