Le taux de chômage dans la zone euro a atteint en mai un nouveau record, à 11,1% de la population active, et il pourrait continuer d'augmenter pour atteindre un pic à 11,5 ou 12% dans les prochains mois, anticipent les analystes.
Selon les estimations de l'office européen de statistiques Eurostat, 17,561 millions de personnes étaient au chômage dans la zone euro en mai, soit 88.000 de plus que le mois précédent.
Le taux s'élevait à 11,1% contre 11,0% en avril. C'est la première fois depuis la création de la zone euro qu'il franchit le seuil de 11%, qu'il avait atteint, pour la première fois également, en mars. Les analystes interrogés par DowJones Newswires s'attendaient à ce qu'il reste à 11,0% en mai.
Il s'agit aussi du 13e mois consécutif au cours duquel le chômage a atteint ou dépassé le seuil de 10% dans la zone euro.
Par rapport à mai 2011, le nombre de chômeurs s'est accru de 1,82 million de personnes dans l'Union monétaire.
Dans la zone euro, "le fait que la hausse du chômage soit la moins élevéedepuis onze mois n'est qu'une maigre consolation", note Howard Archer, analyste d'IHS Global Insight, qui souligne "la forte disparité entre les taux de chômage des économies du coeur de la zone euro, au nord, et les difficultés des pays de la périphérie, au sud".
L'Espagne, plus mauvais élève des 27 en matière de taux de chômage, voit encore son niveau augmenter en mai, à 24,6%. Le chômage touche plus d'un jeune sur deux dans ce pays (52,1% des moins de 25 ans).
La Grèce, dont les données disponibles datent de mars, arrive juste derrière avec un taux de 21,9% contre 15,7% un an plus tôt.
L'Autriche, bon élève de l'Europe
A l'inverse, les taux de chômage les plus bas ont été enregistrés en Autriche (4,1%), aux Pays-Bas (5,1%), au Luxembourg (5,4%) et en Allemagne (5,6%).
"Etant donné que la zone euro a enregistré une contraction non négligeable du PIB au deuxième trimestre et qu'il risque grandement de se contracter encore au troisième, et que la confiance des entrepreneurs est peu élevée et fragile, il est probable que le taux de chômage de la zone euro continue d'augmenter dans les prochains mois", anticipe Howard Archer, qui s'attend à un taux de chômage de 11,5% d'ici la fin de l'année.
Son collègue Martin Van Vliet, d'ING, pense même que la barre des 12% pourrait être atteinte.
"Il est à craindre que le pacte de croissance sur lequel sont tombés d'accord les dirigeants de l'UE la semaine dernière ne suffira pas à instaurer une reprise durable, et qu'il faudra aller plus loin, à commencer par une nouvelle baisse des taux d'intérêt de la Banque centrale européenne jeudi" lors de sa prochaine réunion, selon lui.
Le sommet européen des 28 et 29 juin à Bruxelles a notamment débouché sur un pacte de croissance doté de 120 milliards d'euros pour soutenir des projets d'avenir.
"Il conviendrait ajouter à tout cela un ralentissement du rythme de consolidation budgétaire, mais étant donné que c'est politiquement infaisable, il faudra sans doute compter sur la poursuite de l'affaiblissement de l'euro pour stimuler l'économie", souligne cet analyste.
Dans l'ensemble de l'Union européenne, le taux de chômage a atteint 10,3% en mai, un niveau record là aussi, contre 10,2% en avril (chiffre révisé).