Les nerfs des boursiers parisiens ont été mis à rude épreuve cette semaine, évoluant au gré des coups de théâtre grecs, et l'avenir s'annonce tout aussi agité dans un marché guidé par des décisions politiques sur lesquelles les investisseurs n'ont aucun contrôle.
D'un vendredi à l'autre, l'indice CAC 40 a perdu 6,72% pour s'inscrire à 3.123,55 points. Ses pertes depuis le 1er janvier s'élèvent à 17,90%.
Annonces politiques en provenance de Grèce, baisse surprise des taux de la Banque centrale européenne et inquiétudes sur l'Italie ont animé une semaine éprouvante qui s'est traduite par des montagnes russes sur les marchés.
Mais c'est avant tout la Grèce qui a tenu en haleine les investisseurs avec l'annonce coup de tonnerre lundi soir d'un référendum remettant en cause toutes les avancées difficilement conclues lors du dernier Sommet européen, puis son retrait trois jours plus tard.
Aux turbulences sur le sort de la Grèce, et par ricochet sur celui des banques et de la zone euro, se sont greffées les inquiétudes sur l'Italie: Rome fait face à une crise de défiance de la part des investisseurs, inquiets de sa dette colossale et surtout perplexes quant à la capacité du gouvernement actuel à mener des réformes structurelles.
"On peut difficilement faire pire en terme d'incertitudes. Les interrogations sont sur tous les fronts", résume Claire Chaves d'Oliveira, responsable de la gestion actions chez Groupama Asset Management. Quand on sait que la Bourse a horreur de l'incertitude, on comprend pourquoi les marchés sont en pleine déroute.
Le drame des marchés actuellement est certes ce manque de visibilité, mais aussi le fait que ce sont des décisions politiques qui guident ses évolutions, sur lesquelles les investisseurs sont totalement impuissants.
"L'essence même de la Bourse, à savoir les fondamentaux des entreprises n'ont plus aucune importance sur l'évolution de l'indice depuis que le marché est plongé dans la crise des dettes souveraines, voilà deux ans. Aujourd'hui, ce sont les décisions politiques qui guident les marchés actions et cette semaine en fut une nouvelle fois le parfait exemple", indique Renaud Murail, gérant d'actions chez Barclays Bourse.
La confusion qui règne actuellement en Europe commence également à avoir des conséquences sur les perspectives des entreprises. Les discours des dirigeants sont particulièrement prudents, et même si les publications trimestrielles sont plutôt conformes aux prévisions, c'est-à-dire mitigées, les perspectives commencent à être moins favorables.
Aux inquiétudes sur la dette en Europe s'ajoutent aussi celles sur l'environnement économique, avec une dichotomie qui s'accentue des deux côtés de l'Atlantique.
"Les craintes de ralentissement s'accentuent en Europe alors que l'horizon se dégage quelque peu aux Etats-Unis où de la peur d'une récession nous sommes passés au scénario d'une croissance molle", a poursuivi Mme Chaves d'Oliveira. "Et ceci est peut-être le seul élément positif sur les marchés actuellement" , a-t-elle ajouté.
L'autre grand sujet des milieux financiers dans les semaines à venir sera la situation de l'Italie. Ce pays est attaqué par les marchés, c'est-à-dire que les investisseurs ne font plus confiance au gouvernement en place et exigent des taux d'intérêt élevés pour prêter à Rome.
"L'évolution des taux longs de l'Italie sera un élément déterminant. S'ils restent au-dessus de 6% le risque de contagion de la crise grecque à la troisième économie de la zone euro se confirmera et cela ajoutera du stress", prévoit M. Murail.
La semaine sera largement dictée par le résultat du vote de confiance en Grèce et communiqué final du G20.
Au menu des statistiques de la semaine prochaine les investisseurs s'intéresseront aux ventes de détail dans la zone euro lundi et à l'indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan sur novembre.