Le premier transporteur aérien russe, Aeroflot, a présenté jeudi la compagnie à bas coûts Dobroliot qu'il compte lancer en 2014 dans le ciel russe, où toutes les tentatives de low-cost ont jusqu'à présent échoué.
Le nom de cette nouvelle compagnie, qui va bénéficier d'un investissement de 100 millions de dollars, évoque l'expression "bon vol" en russe. Il s'agit aussi du nom que portait à sa création, il y a 90 ans, la compagnie soviétique connue ensuite sous le nom d'Aeroflot.
"Dobroliot" sera peint en bleu clair sur le fuselage des Boeing 737 dont sera dotée la compagnie. Ceux-ci seront équipés de sièges à dossier fixe et au confort limité, de l'aveu même du directeur général d'Aeroflot, Vitali Saveliev.
L'objectif affiché est de proposer des billets 40% moins chers que les tarifs en vigueur.
La compagnie héritière du monopole soviétique, toujours détenue à majorité par l'Etat russe, se lance ainsi sur un marché du low-cost sur lequel toutes les tentatives ont jusqu'à présent échoué en Russie, malgré la forte croissance du trafic aérien.
"C'est un projet très ambitieux et très important pour le pays", a estimé lors d'une conférence de presse Vladimir Gorbounov, ancien patron de la représentation d'Airbus en Russie, débauché par Aeroflot pour diriger Dobroliot.
La législation actuelle ne permet pas aux compagnies aériennes russes de vendre des billets non remboursables, de facturer la nourriture servie à bord et l'enregistrement d'un bagage.
Faute de cadre adapté, les compagnies Sky Express et Avianova, qui se présentaient comme des compagnies à bas coût, ont fini par clouer leurs avions au sol en 2011.
Cette fois, le gouvernement s'est dit prêt à modifier la loi afin d'autoriser toutes les conditions qui font le succès des low-cost européennes, faute de quoi Aeroflot a répété jeudi qu'elle renoncerait à lancer sa nouvelle compagnie.
"Il ne fait aucun doute que ces limitations (de service, ndlr) qui existent pour les low-cost étrangères doivent exister chez nous", a martelé Vitali Saveliev.
Croissance annuelle de 20% du trafic aérien
Les low-cost EasyJet et WizzAir ont déjà lancé des liaisons vers Moscou, profitant d'une demande grandissante de la classe moyenne qui émerge en Russie. Le pays connaît ces dernières années une croissance annuelle de 20% de son trafic aérien.
Dobroliot espère attirer cette nouvelle clientèle et retirer des parts de marché aux chemins de fer, auxquels reste très attachée une partie de la population russe.
Le patron d'Aeroflot a cependant jugé que le modèle low-cost ne pourrait pas s'appliquer aux liaisons long-courrier vers la Sibérie ou l'Extrême Orient, le confort spartiate proposé n'étant supportable que pour des vols de moins de trois heures.
Dobroliot doit relier dans un premier temps Moscou, où elle sera basée, aux grandes villes de la partie européenne de la Russie, dont Saint-Pétersbourg. Equipée à son lancement de huit appareils, elle prévoit de porter sa flotte à 40 Boeing 737 en cinq ans.
Elle vendra ses billets uniquement sur internet et ne proposera que des places en classe économique, certaines, plus coûteuses, offrant toutefois plus de place pour les jambes.
Pour réduire les coûts, Aeroflot, confrontée à une pénurie de pilotes qui fait bondir les coûts salariaux, demande par ailleurs au gouvernement de pouvoir embaucher des commandants de bord à l'étranger.
Le patron de la compagnie, membre de l'alliance SkyTeam comme Air France-KLM, a dit espérer un changement de législation d'ici à la fin 2013, ce qui permettrait de lancer Dobroliot avant la mi-2014.
M. Saveliev a assuré qu'aucune économie ne serait faite sur la sécurité, alors que l'aviation civile russe souffre d'une réputation exécrable acquise après l'effondrement de l'Union soviétique.
Aeroflot tente depuis des années de se défaire de cette image. Outre son entrée dans SkyTeam, elle a en grande partie renouvelé sa flotte ces dernières années, s'équipant auprès des avionneurs européen Airbus et américain Boeing.