Interpellé après l'annonce de la saignée envisagée par PSA, le gouvernement entame mardi les discussions sur ce plan de redressement qu'il juge "en l'état inacceptable", en recevant ses syndicats, avant le patron Philippe Varin mercredi.
Répondant au choc provoqué le 12 juillet par le projet de PSA de supprimer 8.000 postes, soit près de 10% de l'effectif en France, et d'arrêter la production à Aulnay, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg avait appelé PSA à son "devoir vis-à-vis de la nation France" et évoqué de "nombreux moyens" de s'y opposer, sans toutefois les détailler.
Le 14 juillet, le président François Hollande assurait que l'Etat "ne laissera pas faire" et que le plan de PSA devait être "renégocié".
Les leviers économiques choisis pour le gouvernement pour soutenir la filière automobile seront dévoilés le 25 juillet. Le même jour, PSA présentera ses résultats et apportera lors d'un CCE des réponses sur sa stratégie et les investissements à venir.
Les délégués syndicaux de PSA ne placent donc pas beaucoup d'attente dans la réunion mardi à 18H00 avec M. Montebourg, si ce n'est de réitérer leurs priorités. Le ministre recevra le lendemain le patron du groupe, Philippe Varin.
"Nous attendons d'abord qu'ils étudient toute la filière automobile, car effectivement, PSA est impacté aujourd'hui, mais il est aussi l'un des moteurs dans la métallurgie en terme de sous-traitance", explique Ricardo Madeira (CFDT).
"Ensuite pour PSA, le chiffre de 8.000 nous paraît énorme. Il faut voir ce que l'Etat peut faire. Il faut essayer de conserver le maximum d'emplois", dit-il, évoquant l'exemple de reconversion réussie par Bosch à Vénissieux (Rhône), où l'usine consacrée à la motorisation diesel avait failli fermer avant de trouver son salut dans le solaire.
Pour le numéro un de FO Jean-Claude Mailly, "l'Etat ne peut pas tout faire", mais il dispose de "moyens de pression".
L'expertise financière très attendue
Tania Sussest, déléguée du SIA (majoritaire à Aulnay), ne se fait elle "aucune illusion": "PSA est un grand groupe privé. Déjà, ils n'ont rien pu faire chez Renault et l'ont laissé délocaliser la production", a-t-elle ajouté. Dans l'immédiat, l'important est de négocier de bonnes conditions de reclassement et d'accompagnement, selon elle.
La CGT, elle, ne veut pas entendre parler de fermeture à Aulnay (3.000 salariés). "Il faut maintenir cette usine", a dit mardi son secrétaire général Bernard Thibault, pour avoir un plan d'aide à la filière "à la hauteur".
"Nous voulons tout d'abord que PSA nous prouve qu'il est dans une situation financière telle qu'elle n'a pas le choix du calendrier et qu'il y a un tel degré d'urgence", pose comme préalable à toute discussion Franck Don (CFTC), qui comme d'autres syndicats, va exiger lors du Comité central d'entreprise au 25 juillet la désignation d'un expert.
Le premier constructeur automobile français met en avant l'effondrement de ses ventes en Europe, son premier marché et le fait qu'il brûle 200 millions de trésorerie par mois depuis un an.
Selon les différents scénarii explorés par la direction, la réduction de la production sur plusieurs sites ou la fermeture d'une autre usine qu'Aulnay ne suffiraient pas.
Les ventes de voitures neuves ont reculé de 2,8% en juin sur un an dans l'Union européenne et de 6,8% depuis début 2012.
M. Montebourg a nommé de son côté un expert chargé d'examiner la situation financière du groupe et le bien fondé des décisions de PSA. Le diagnostic sera présenté avant fin juillet et les conclusions définitives avant le 20 septembre.
Quant aux retombées de l'alliance en préparation avec l'américain General Motors, les premiers jalons seront posés à l'automne.