La France est épinglée par la Commission européenne, comme l'Italie, le Portugal, la Bulgarie et la Croatie, pour les déséquilibres "excessifs" de son économie, dans un rapport rendu public mardi par l'exécutif européen à Strasbourg.
La Commission pointe notamment le niveau de dette publique de la France, qui "continue d'augmenter" alors même que compétitivité et productivité "ne se redressent pas clairement", est-il précisé dans un communiqué.
Dix-huit des 28 pays membres de l'UE ont fait l'objet depuis novembre d'"un bilan approfondi" de leur profil macroéconomique par les services de la Commission.
Il en ressort un classement en trois catégories, dont la plus basse, celle des "déséquilibres macroéconomiques excessifs", concerne donc cinq pays, pour lesquels des réformes structurelles sont souhaitables aux yeux de l’exécutif européen.
Six des 18 ne présentent pas de déséquilibre (parmi eux le Royaume-Uni), et sept autres --dont l'Allemagne et l'Espagne-- présentent des déséquilibres qui ne sont pas jugés excessifs.
"Aujourd'hui, nous voyons clairement que les pays qui sont parvenus à réformer leur économie rapidement et en profondeur recueillent les fruits de leurs efforts. D'autres doivent passer à la vitesse supérieure pour pouvoir offrir plus de croissance et d'emplois à leurs citoyens", a commenté Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques, cité dans le communiqué.
Il y a dix jours, dans un document de travail préalable à ce rapport, la Commission avait pointé les "progrès limités" de la France pour se réformer et favoriser l'emploi, jugeant "peu satisfaisant" le fonctionnement du marché du travail.
A partir de ce diagnostic, et des programmes de réformes ou de "convergence" que les Etats membres doivent présenter en avril, la Commission rendra publiques au printemps ses recommandations "ciblant les principaux défis à relever" pour chacun, est-il expliqué.
Pour l'Italie ou la Bulgarie, la Commission pointe notamment mardi la fragilité de leur secteur bancaire.
Au Portugal, le niveau de dette, pour l'Etat comme pour le secteur privé, est jugé préoccupant sur fond de chômage élevé. Interrogé par l'AFP, le ministère des Finances de ce pays a déclaré laconiquement: "Le pays a des défis à relever et nous allons continuer à faire des efforts pour les surmonter."
L'Allemagne, première économie de l'Union européenne, est jugée meilleur élève, même si la Commission attend d'elle davantage de mesures pour faciliter les investissements du secteur privé, "notamment en réformant le secteur des services et en améliorant l'efficacité du système fiscal".
Aucun pays en proie à des déséquilibres "excessifs" n'est à ce stade appelé à prendre des "mesures correctives", mais "tous peuvent être concernés par cette procédure à n'importe quel moment", a fait remarquer Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission chargé de l'euro.
Il a notamment estimé qu'il y avait "un besoin clair" de réformes en Italie. De manière générale, a-t-il ajouté, "les États membres doivent poursuivre leurs efforts pour, entre autres, réduire leur endettement privé et public élevé, lutter contre les inefficacités du marché du travail, garantir la viabilité des systèmes sociaux et améliorer l'environnement des entreprises".