L'opérateur boursier Intercontinental Exchange (ICE) a été nommé vendredi administrateur indépendant du fixing de l'or, ce qui constitue la dernière étape de la modernisation des processus de fixation des prix de référence pour les métaux précieux à Londres.
Le premier à ouvrir la marche fut l'argent, dont le fixing modernisé est géré depuis la mi-août par l'opérateur boursier CME Group et le groupe américano-canadien d'information Thomson Reuters.
Doivent suivre les métaux platinoïdes (platine et palladium), dont les fixings modernisés seront administrés à partir du 1er décembre par la bourse des métaux London Metal Exchange (LME).
L'or, le plus important des métaux précieux, verra quant à lui son fixing modernisé au cours du premier trimestre 2015, un processus qui sera donc administré par la branche de l'ICE chargée des indices de référence, ICE Benchmark Administration (IBA) -- connue pour s'être vue confier en juillet 2013 l'administration de l'indice Libor.
Les fixing sont des prix de référence déterminés chaque jour ouvrable à Londres (une fois par jour pour l'argent, deux fois pour les autres métaux) et qui servent de base à de nombreuses transactions. Par exemple, le cabinet CPM Group estime qu'entre 2 et 4 millions d'onces d'or seraient échangées chaque jour sur la base du fixing.
Jusqu'à la mi-août pour l'argent et encore maintenant pour les platinoïdes et l'or, les prix de référence sont fixés lors de conférences téléphoniques réunissant un nombre limité d'acteurs (par exemple quatre banques pour l'or). A partir d'un prix de départ, les participants font des offres d'achat et de vente jusqu'à ce que soit trouvé un prix d'équilibre.
- Publication en temps réel -
Le nombre limité d'intervenants et l'absence de transparence des offres réalisées durant la conférence ont fait dire à certains observateurs que ces fixing étaient aisément manipulables, dans un contexte de scandales financiers ayant récemment touché des indices de référence comme le Libor.
Un exemple de manipulation a d'ailleurs été mis au jour avec l'amende de 26 millions de livres (32,6 millions d'euros) infligée en mai à Barclays par le gendarme des marchés britannique (FCA). Un employé de l'établissement avait agi illégalement le 28 juin 2012 en tentant d'influencer la fixation du prix de l'or au-dessous d'un certain seuil afin d'éviter d'avoir à payer un client.
La modernisation des fixing des métaux précieux a donc pour but premier une transparence accrue. Elle s'est faite selon les mêmes principes pour les quatre métaux : le processus doit être électronique et basé sur des enchères, le prix déterminé doit être un prix d'échange et les données ayant permis sa détermination doivent pouvoir être auditées.
Ainsi, "les offres de vente et d'achats d'or agrégées seront publiées en temps réel, avec la différence entre les deux et le prix mis à jour toutes les trente secondes" jusqu'à ce qu'un prix d'équilibre soit trouvé, a expliqué l'ICE dans un communiqué. C'est déjà comme ça que se passe dorénavant le fixing de l'argent chaque jour à 12H00 (heure de Londres).
Un autre élément clé de la modernisation des fixing des métaux précieux est d'élargir le nombre de participants pouvant faire des offres d'achat ou de vente lors du processus.
Ainsi, il y a maintenant six participants aux enchères conduisant à la fixation du prix de référence de l'argent, contre trois dans l'ancienne méthodologie.
Avec cette modernisation, le marché des métaux précieux tourne une page presque centenaire, l'actuel fixing de l'or datant de septembre 1919 tandis que l'ancien fixing de l'argent était vieux de 117 ans.