Ce n'est pas encore la ruée, mais les voitures électriques commencent à prendre leur place dans le paysage automobile français, grâce en particulier à de généreuses aides publiques.
Alors que Paris accueille pour la première fois ce week-end une manche du championnat du monde de Formule E (déclinaison électrique de la F1), la France s'impose comme l'un des marchés les plus dynamiques au monde pour les automobiles rechargeables sur secteur.
En 2015, 17.266 voitures particulières électriques neuves ont été mises sur les routes françaises, une progression de 64% qui a permis à cette niche de se rapprocher des 1% du marché annuel.
Cette barre symbolique a été largement franchie au premier trimestre 2016 avec 6.022 immatriculations, soit une progression de 107% par rapport à la même période de 2015, et 1,3% du marché, selon l'Association nationale pour le développement de la mobilité électrique (Avere-France).
"Ca devient significatif, et ça progresse encore, c'est une très bonne nouvelle", explique à l'AFP Joseph Beretta, président de l'association, qui note que les primes à l'achat pouvant monter à 10.000 euros en cas de mise à la casse d'un vieux diesel ont donné un coup d'accélérateur aux ventes.
Côté atouts, les voitures électriques bénéficient d'une douceur de fonctionnement et d'une nervosité saluées par leurs utilisateurs, ainsi que d'un coût de recharge modique.
Mais elles restent encore limitées en autonomie et bien plus chères que leurs équivalents à moteur thermique. Du coup, leur développement varie énormément selon les efforts consentis par les pouvoirs publics de chaque pays.
L'exemple extrême est celui de la Norvège, où plus de 17% des voitures particulières vendues en 2015 étaient "zéro émission", une politique financée par les revenus qu'Oslo tire... de sa production de pétrole. En France, où l'électricité est très "décarbonée" grâce au nucléaire et aux renouvelables, remplacer une voiture thermique par une électrique permet a priori davantage de réduire les émissions nettes de CO2 que dans d'autres pays où l'électricité est souvent produite à base de charbon.
Les ventes d'autos électriques en France, deuxième marché européen en volume, restent très tributaires des aides, prévient Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem de l'automobile. "Si demain l'Etat arrête les primes, on ne vend plus de voitures électriques", résume-t-il: "qui va acheter une voiture avec 150 km d'autonomie pour 20.000 euros?"
- Renault (PA:RENA) en pointe -
"On a encore besoin des coups de pouce du gouvernement et des municipalités", concède M. Beretta, en estimant à 5% du marché le seuil qui permettra à l'électrique de tenir seul.
Les collectivités locales prennent en effet un rôle important dans le développement de l'électrique en installant une partie du réseau de recharge: quelque 12.000 points existent déjà, et l'objectif est de 25.000 à 30.000 d'ici au début 2018.
Les constructeurs nationaux jouent eux aussi un rôle moteur en proposant des véhicules électriques dans leurs gammes. En mars, Renault détenait quelque 50% du marché français avec sa petite Zoé, qui vient d'ailleurs de franchir le cap des 50.000 exemplaires produits dans l'usine de Flins (Yvelines). La Leaf de son allié japonais Nissan (T:7201) et la luxueuse Américaine Tesla Model S complétaient le podium.
Le groupe PSA est discret sur ce marché avec les mini-citadines Peugeot (PA:PEUP) i0n et Citroën C-Zero produites en collaboration avec le Japonais Mitsubishi, mais a promis de développer une gamme électrique plus fournie.
Le plan stratégique de PSA prévoit quatre voitures électriques et sept hybrides (essence-électricité) rechargeables en 2019-2021, avait indiqué début avril son président du directoire Carlos Tavares. Dès 2017, des berlines Citroën électriques seront en vente, mais en Chine.
Comme Renault, PSA est engagé en Formule E, sous sa marque orientée "luxe" DS (Virgin Racing). Le patron de la marque, Yves Bonnefont, a assuré que ces voitures de sport "sont une source incroyable pour accélérer le développement de nouvelles technologies électriques qui équiperont les modèles DS de demain".
Les constructeurs sont d'autant plus motivés pour électrifier leurs gammes que se profilent à l'horizon 2021 des normes européennes d'émissions de CO2 de 95g/km, relève M. Beretta, qui envisage une part de marché des rechargeables de 10% dans 10 ans, en incluant les hybrides.