La direction d'Air France devait transmettre vendredi aux syndicats de pilotes un projet d'accord portant sur une hausse de la productivité et de l'emploi, avant une probable dernière séance de négociation mercredi, a-t-on appris de sources concordantes.
Six mois après l'échec de précédentes négociations, menées sous la menace de suppressions de postes, les organisations syndicales affichaient à nouveau leur pessimisme bien que le climat social soit plus clément.
"Nous sommes très loin d'un accord", commente auprès de l'AFP Fabrice Cueille du Spaf, deuxième syndicat représentatif de pilotes.
Au fil des trois semaines de discussions, "les projets successifs (soumis par la direction) se sont de plus en plus éloignés de nos propositions", renchérit Véronique Damon du SNPL, syndicat majoritaire chez les pilotes d'Air France, en capacité de signer seul un accord.
La direction a abandonné son projet initial consistant à faire voler ses navigants une centaine d'heures en plus par an à salaire égal. Elle propose désormais de payer les heures effectuées en plus, mais à un taux inférieur.
En clair, "la rémunération horaire va baisser" pour les pilotes, regrette Mme Damon.
La compagnie tricolore espère par ce biais réduire l'écart de compétitivité avec ses concurrents européens. D'autres mesures qui n'ont pas d'impact sur la rémunération et le temps de travail des navigants sont également envisagées, comme par exemple la suppression des toilettes privatives à bord pour le personnel.
- Centaines d'embauches de pilotes -
En échange de ces concessions, Air France promet notamment d'embaucher plusieurs centaines de pilotes, de réformer les règles d'évolution de carrière pour les rendre plus attractives et de renoncer en partie à la réduction d'activité programmée en 2016.
Fin septembre, la direction avait acté l'échec des négociations avec ses personnels navigants. Elle avait dans la foulée annoncé un plan de réduction d'activité menaçant plusieurs milliers d'emplois, déclenchant une vive réaction des salariés et l'épisode de la "chemise arrachée" du DRH d'alors, Xavier Broseta.
Malgré le pessimisme affiché par les syndicats, le PDG d'Air France-KLM Alexandre de Juniac a indiqué cette semaine qu'il souhaitait voir les négociations "aboutir assez prochainement".
En cas d'accord, "le gouvernement serait prêt à nous aider", a-t-il déclaré en soumettant l'idée d'une "réduction des charges sociales" pour les personnels navigants internationaux.
Il revient aux deux parties de "parvenir à un accord ambitieux, que l'État saura accompagner", a affirmé à l'AFP le secrétaire d'État aux Transports, Alain Vidalies, sans plus de précisions.
En cas d'accord, le SNPL consultera les pilotes, que ce soit ses adhérents ou tous ceux d'Air France. "Les modalités, si nous parvenons à un accord, ne sont pas encore définies" mais les statuts du syndicat permettent les deux possibilités, précise Mme Damon.