Le bénéfice net de Ryanair (LON:RYA) s'est effrité de 8% au troisième trimestre de l'exercice 2016-2017 à cause d'un repli des tarifs des billets et de la dépréciation de la livre consécutive au vote britannique pour le Brexit.
La compagnie aérienne à bas coût a annoncé lundi que ce bénéfice net avait atteint 95 millions d'euros entre le 1er octobre et le 31 décembre.
Le transporteur irlandais a toutefois maintenu inchangée sa prévision de bénéfice net annuel, dans une fourchette de 1,30 à 1,35 milliard d'euros, ce qui constituerait un record. Il avait dû abaisser cet objectif mi-octobre du fait de la glissade de la livre sterling, qui réduit les revenus que Ryanair tire du marché britannique une fois leur montant convertis en euros.
"Nos tarifs ont chuté au moment où Ryanair continue d'augmenter son trafic et son taux de remplissage sur de nombreux marchés européens. Cette baisse des rendements a été aggravée par la forte dépréciation de la livre sterling après le vote pour le Brexit", a expliqué le directeur général de la compagnie, Michael O'Leary, dans un communiqué.
La compagnie a augmenté de 16% son nombre de passagers transportés, à 28,8 millions de passagers, lors de ce trimestre. Mais ces derniers ont payé en moyenne 33 euros par billet, soit 17% de moins sur un an, même si la compagnie a dans le même temps profité d'une chute moyenne de 20% de sa facture en kérosène.
Au final, le chiffre d'affaires de Ryanair ne s'est élevé que de 1%, à 1,345 milliard d'euros.
La compagnie a établi l'an passé son record de trafic annuel, à 117 millions de passagers, ce qui fait d'elle la première compagnie européenne en terme de passagers transportés - avec un objectif avoué d'atteindre les 200 millions à l'horizon 2023-2024. Elle entend dans le même temps élever sa part de marché en Europe de 15% aujourd'hui à autour de 23%.
- Ambitions allemandes -
Entre octobre et décembre, Ryanair a ouvert cinq nouvelles bases de stationnement d'avions, à Hambourg et Nuremberg (Allemagne), Bucarest, Prague et Vilnius, et a lancé près d'une centaine de nouvelles lignes. Mais la compagnie a été confrontée à l'augmentation de l'offre proposée par ses concurrentes, ce qui a intensifié la compétition et déprimé les tarifs.
Parmi les facteurs qui ont pesé sur les prix des billets, le transporteur a cité l'incertitude autour du Brexit, la faiblesse de la livre sterling et le déplacement d'une partie du marché des charters de l'Afrique du nord et de la Turquie vers l'Espagne et le Portugal, dans un contexte marqué par des attentats.
"La réponse de l'entreprise à la chute de la livre - réduire ses tarifs pour augmenter ses parts de marché tout en développant ses liaisons - n'est pas favorable aux profits dans l'immédiat", a expliqué Neil Wilson, analyste chez ETX Capital. "Mais à terme, la croissance de son trafic devrait la maintenir sur un socle solide, surtout si elle continue de réduire ses coûts".
Très remontée contre le Brexit, la compagnie, qui tire un quart de ses revenus du marché britannique, entend freiner son développement sur place, a souligné son directeur financier, Neil Sorahan, lors d'une conférence de presse dans le quartier de la City à Londres.
"Nous ne prévoyons pas de croître au Royaume-Uni autant que ce que nous envisagions, ceci à cause du Brexit et de ses incertitudes. Nous saisirons certes les opportunités qui se présenteront sur place mais j'entrevois davantage de croissance en Europe qu'au Royaume-Uni" pour la compagnie, a-t-il souligné.
Fin janvier, Michael O’Leary avait affirmé que Ryanair allait geler ses créations d'emplois dans ce pays, mais M. Sorahan s'est voulu rassurant sur ce point lundi. "Nous sommes un employeur massif au Royaume-Uni et n'avons aucune intention de changer", a-t-il dit, rappelant le récent accord conclu avec l'aéroport de Stansted dans le nord de Londres pour y développer sa présence.
Ryanair affirme néanmoins vouloir désormais donner la priorité à d'autres pays en Europe, insistant sur ses ambitions en Allemagne, où elle entend tirer parti des difficultés d'Air Berlin. Cette compagnie allemande a dévoilé fin septembre un plan de restructuration comprenant la suppression de 1.200 postes et la mise à l'écart de son activité touristique.