par Parisa Hafezi
DUBAI (Reuters) - L'Iran a annoncé dimanche qu'il allait s'affranchir davantage de l'accord de 2015 sur son programme nucléaire et qu'il ne s'imposait plus de limites pour l'enrichissement d'uranium.
D'après la télévision d'Etat citant un communiqué du gouvernement, l'Iran ne va plus respecter les limites à ses activités nucléaires fixées dans cet accord: qu'il s'agisse du nombre de centrifugeuses pour ses capacités d'enrichissement d'uranium, du degré d'enrichissement de l'uranium ou encore de ses activités de recherche et développement.
"L'Iran va continuer l'enrichissement nucléaire sans aucune limite et en fonction de ses besoins techniques", déclare le gouvernement dans le communiqué cité par la télévision d'Etat.
L'Iran va néanmoins continuer de coopérer avec l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA).
L'accord de Vienne signé avec les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu (Etats-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne) et l'Allemagne prévoit une limitation des capacités nucléaires de l'Iran en échange de la levée de nombreuses sanctions internationales.
Les Etats-Unis se sont désengagés de cet accord en 2018 et ont rétabli leurs propres sanctions contre Téhéran.
En réaction, l'Iran s'est progressivement affranchi de ses obligations mais Téhéran a affirmé dimanche qu'il pourrait rapidement revenir sur ces violations si les Etats-Unis lèvent leurs sanctions.
Cette annonce de l'Iran était attendue mais elle coïncide avec une forte aggravation des tensions avec les Etats-Unis après la frappe américaine en Irak qui a tué dans la nuit de jeudi à vendredi le général iranien Qassem Soleimani, commandant de la force Al Qods, l'unité d'élite des Gardiens de la révolution et à ce titre fer de lance de l'influence militaire de la République islamique au Moyen-Orient.
Depuis le retrait des Etats-Unis, les puissances européennes s'efforcent de préserver l'accord de Vienne mais l'Iran a plusieurs fois jugé leurs efforts insuffisants.
Malgré ses infractions à l'accord après le désengagement américain, l'Iran n'a pas dépassé de beaucoup le degré d'enrichissement d'uranium autorisé par ce pacte. Ce dernier fixe une limite à 3,67% et Téhéran est resté ces derniers mois aux alentours de 4,5%, soit bien en dessous des 20% atteints avant la conclusion de l'accord et des quelque 90% nécessaires à un usage militaire.
L'accord dans son ensemble était destiné à allonger le délai nécessaire à l'Iran pour se procurer suffisamment de matière fissile pour la fabrication d'une arme nucléaire, si telle était son intention.
Si ses infractions initiales ont eu peu d'effet sur ce délai, la mise en service d'un nombre croissant de centrifugeuses pourrait avoir un impact plus important, disent des diplomates.
(version française Bertrand Boucey)