PARIS (Reuters) - Le Parlement français a définitivement adopté jeudi le projet de loi de finances (PLF) 2019, un texte revu en toute fin de marathon budgétaire automnal pour intégrer une partie des concessions consenties par le gouvernement pour tenter d'enrayer la crise des "Gilets jaunes".
Ce texte, qui a reçu le soutien des députés de la majorité présidentielle (La République en marche et Modem), a été adopté par 182 voix contre 52.
Certaines des mesures annoncées la semaine dernière par Emmanuel Macron (heures supplémentaires, baisse de CSG et primes exemptes de prélèvements obligatoires) figurent dans le projet de loi "mesures d'urgence économique et sociale" qui doit être adopté d'ici la fin de la semaine.
Mais le PLF intègre d'ores et déjà une partie des dispositions annoncées par l'exécutif depuis le début du mouvement mi-novembre, comme l'annulation de la hausse de la taxe carbone, de l'alignement du diesel sur l'essence et le maintien de l'avantage fiscal dont bénéficiaient les entreprises sur le gazole non routier, ou encore le déblocage des crédits destinés à financer la hausse de la prime d'activité pour revaloriser les salaires proches du smic.
Il acte également les mesures annoncées dès la mi-novembre par le Premier ministre Edouard Philippe sur le chèque énergie et la prime de conversion automobile, après un embrouillamini mardi à Matignon.
Avec un total de près de dix milliards d'euros pour ces gestes en faveur du pouvoir d'achat, l'équilibre budgétaire a été modifié par rapport à l'objectif initial du gouvernement lors de la présentation du texte fin septembre et le déficit public s'est écarté de la limite de 3% du PIB fixée par les traités européens.
Le déficit public devrait atteindre 3,2% l'an prochain, en tenant compte de l'effet ponctuel de la bascule du CICE en baisse de charges pérenne, soit 0,9 point.
Le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire s'est voulu rassurant sur la position de la Commission européenne à l'égard de ce dérapage, au lendemain d'un entretien à Bruxelles avec le vice-président de la Commission, Valdis Dombrovskis.
"Je crois que nous avons la compréhension de la Commission européenne, qui a parfaitement noté les circonstances exceptionnelles dans lesquelles se trouvait aujourd'hui la France et donc la nécessité de répondre au cri de colère et de souffrance qui s'est manifesté dans notre pays", a-t-il expliqué dans l'hémicycle avant le vote.
Il a cependant précisé que le "rétablissement des comptes publics (n'était) pas négociable" et réaffirmé la détermination du gouvernement à poursuivre les réformes.
(Myriam Rivet, édité par Yves Clarisse)