La ministre de l'Economie Christine Lagarde a déclaré vendredi que la croissance française s'était établie "à au moins 1,5%" en 2010, alors qu'elle tablait jusque-là sur "un gros 1,6%".
A l'occasion de ses voeux à la presse, elle s'est aussi montrée prudente sur une augmentation du fonds de secours de la zone euro.
"Les perspectives de croissance sont bonnes, nous finirons l'année (2010) à au moins 1,5%", a-t-elle affirmé en présentant ses voeux à la presse.
La ministre s'est ainsi montrée un peu moins optimiste qu'auparavant.
Ces dernières semaines, elle avait tablé sur "un gros 1,6%" de croissance en 2010, une prévision encore réitérée jeudi par le Premier ministre François Fillon.
Mais l'Institut national de la statistique (Insee) a révisé à la baisse, fin décembre, les chiffres de la croissance des deuxième et troisième trimestres, ce qui rend cet objectif plus difficile à atteindre.
Pour 2011, le gouvernement espère voir le produit intérieur brut (PIB) de la France progresser de 2%, une attente jugée trop optimiste par la plupart des économistes et des institutions internationales.
La ministre a en outre jugé "prématuré" de chiffrer une éventuelle augmentation du fonds de secours de la zone euro, tout en confirmant qu'une telle option était à l'étude parmi toute une "palette" de mesures.
"Si nous devions augmenter le Fonds européen de stabilité financière (FESF), si c'était nécessaire (...) il faudra évidemment chiffrer puisqu'on devra respectivement retourner devant nos parlements nationaux pour soumettre ces projets", a-t-elle déclaré en présentant ses voeux à la presse.
La ministre avait déjà déclaré jeudi à l'AFP qu'une augmentation du Fonds de secours européen pourrait être décidée "si nécessaire", afin de "démontrer notre détermination à défendre la stabilité de la zone euro".
"Cela fera l'objet d'un chiffrage", mais "c'est prématuré", a-t-elle ajouté vendredi, en réponse à des journalistes qui lui demandaient s'il faudrait fixer un chiffre et si le doublement envisagé par la Belgique de l'ensemble du mécanisme d'aide aux pays en difficulté de la zone euro, actuellement doté de 750 milliards d'euros, était à l'ordre du jour.
Selon Mme Lagarde, "ce n'est pas seulement une question d'argent".
La ministre a plaidé pour "une offre globale" comprenant "un ensemble de mesures qui doivent être élaborées, discutées et convenues".
"Une augmentation du Fonds européen de stabilité financière est une option que l'on regarde", tout comme "l'architecture du mécanisme" et "ses conditions d'utilisation", a-t-elle confié.
Interrogée sur la possibilité pour le FESF d'acheter de la dette de pays en difficulté financière, comme le fait actuellement la Banque centrale européenne (BCE), afin d'alléger les tensions sur le marché obligataire, elle a confirmé que cela faisait partie "des pistes de travail" actuellement examinées par les Européens.
"Les travaux que nous menons (...) comprennent une palette d'instruments", a conclu Mme Lagarde, précisant que les ministres de l'Economie et des Finances devaient "soumettre des propositions" au Conseil européen de mars.
Mme Lagarde a aussi évoqué le dossier de la réforme de la fiscalité, annoncée d'ici l'été, affirmant qu'elle devrait se faire à coût nul, pour ne pas peser sur les comptes publics.
Interrogée sur l'idée de taxer les plus-values immobilières sur la résidence principale, évoquée la veille par Nicolas Sarkozy, Mme Lagarde a répondu qu'"aucune piste ne sera écartée dans le cadre des travaux sur la fiscalité du patrimoine, celle-là en sera une".
La ministre a rappelé que le chef de l'Etat l'avait chargée, avec le ministre du Budget François Baroin, "d'examiner la suppression éventuelle du bouclier fiscal et de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Il nous a également recommandé de le faire dans une neutralité budgétaire totale", a-t-elle insisté. "Donc, il va falloir faire les comptes et cibler que sera le plus efficace".
Les deux ministres se réuniront mardi avec des parlementaires pour une première réunion de travail sur le sujet. Nicolas Sarkozy a redit jeudi qu'il trouvait "plus logique" de taxer les revenus du patrimoine que de taxer la détention du patrimoine.
La ministre de l'Economie a par ailleurs estimé que le débat sur les 35 heures était un "vieux débat mort et enterré", appelant plutôt à s'interroger sur le coût du travail en France.
Celui-ci "tourne autour de 31 euros de l'heure en France contre 27,5 euros en Allemagne", a-t-elle observé, soulignant qu'il s'agissait "des vraies questions en matière de compétitivité" économique.
Pour autant, a-t-elle affirmé, "il n'est pas question de remettre en chantier la TVA sociale", une piste "clairement écartée".
L'autre élément, selon elle, est la réforme des retraites. "Nous l'assumons", a-t-elle répété à plusieurs reprises.
D'une manière générale, "le volume de travail doit être soutenu et développé" en France, a plaidé la ministre de l'Economie.
Il ne s'agit pas, a-t-elle poursuivi, de "faire du copier-coller avec l'Allemagne" mais de "travailler en très étroite convergence (et de) coordonner nos politiques", notamment fiscales.