La France et l'Allemagne sont prêtes à "absolument tout mettre en oeuvre" pour "assurer la stabilité de la zone euro", a affirmé jeudi le Premier ministre français François Fillon, lors d'un discours à la City de Londres.
"Il ne doit y avoir aucun doute: les Etats de la zone euro, et particulièrement la France et l'Allemagne, sont prêts à tout mettre en oeuvre, je dis bien absolument tout, pour assurer la stabilité de la zone euro", a déclaré M. Fillon, qui s'exprimait devant des responsables du monde des affaires, au début d'un visite officielle à Londres.
"La zone euro est le coeur monétaire de l'Europe et je voudrais que personne ne puisse douter de la détermination de l'Union européenne toute entière à la préserver. C'est une priorité politique et économique absolue", a-t-il souligné.
La chancelière allemande Angela Merkel avait assuré mercredi que Berlin ferait "ce qui est nécessaire pour la stabilité de l'euro", alors qu'un élargissement du Fonds européen de soutien est à l'étude.
Ces assurances interviennent alors qu'après la Grèce et l'Irlande, le Portugal se trouve désormais sous la pression des marchés pour accepter une aide internationale afin de financer son déficit public.
Lisbonne a néanmoins obtenu un répit mercredi en réussissant à placer sur les marchés près d'1,25 milliard d'euros de dette.
Pour le Premier ministre français, "la stabilité et le dymanisme de la zone euro sont une condition de la prospérité de l'ensemble des Etats européens", Royaume-Uni compris.
Il a salué à cet égard l'esprit de coopération manifesté par Londres, qui n'a pas adopté la monnaie unique: "Tout au long de cette crise, je veux vous dire que les autorités britanniques ont été des partenaires solides".
"Elles savent que l'insularité monétaire n'existe pas pour un pays dont la moitié des exportations sont à destination de la zone euro", a-t-il dit.
Selon lui, le Royaume-Uni a "pris la part qui lui revient à l'effort commun", notamment en contribuant financièrement au plan de sauvetage de l'Irlande.
Alors que le débat fait rage à la City sur l'opportunité de durcir les règles après la crise financière de 2008, en particulier pour limiter les bonus des banquiers, M. Fillon a réaffirmé que la France avait un "agenda ambiteux" pour son actuelle présidence du G20.
"Le redressement de l'économie mondiale ne peut pas être durable sans une meilleure régulation économique et financière", a-t-il dit.
"La bonne gouvernance s'applique aux institutions et aux Etats, en Europe comme ailleurs. Mais elle s'impose aussi aux opérateurs économiques et financiers", a-t-il insisté, en se disant conscient de "la crispation que peut inspirer le débat sur la régulation financière".
"Certains auraient voulu qu'il n'ait jamais lieu", a reconnu M. Fillon devant un public largement soupçonné de vouloir échapper à de nouvelles règles jugées trop contraignantes.
Défendant la politique de rigueur adoptée par son gouvernement, le Premier ministre français a lancé une mise en garde au monde de la finance: "Soyons conscients que le système capitaliste est passé très près du gouffre et il est peu probable que nos opinions publiques puissent accepter le statu quo et consentir à financer de nouveau les effets d'une seconde secousse".