par Renee Maltezou et Erik Kirschbaum
BERLIN (Reuters) - Le Premier ministre grec Alexis Tsipras, lors de sa première visite lundi à Berlin comme chef de gouvernement, a dit espérer un "nouveau départ" dans les relations entre son pays et l'Allemagne.
Après un entretien avec la chancelière Angela Merkel, il a souhaité la fin des "stéréotypes" qui font du mal, a-t-il dit, tant aux Grecs qu'aux Allemands.
Lors d'une conférence de presse commune, Angela Merkel a souligné pour sa part que l'Allemagne considérait comme des égaux tous ses partenaires européens et voulait entretenir de bonnes relations avec eux, y compris avec les Grecs.
"Même si 80 millions de personnes vivent en Allemagne et si nous sommes la plus forte économie de l'Union européenne, cette Europe est bâtie sur le principe de l'égalité entre tous les pays membres", a-t-elle dit.
L'Allemagne, a-t-elle poursuivi, veut que la Grèce retrouve la croissance économique, ce qui fera baisser le chômage, mais cela requiert des réformes structurelles et des finances publiques solides.
"Pour cela, vous avez besoin de réformes structurelles, un budget solide et une administration qui fonctionne", a insisté Angela Merkel.
"Nous voulons que la Grèce soit forte économiquement, nous voulons que la Grèce connaisse la croissance et, surtout, qu'elle puisse vaincre un chômage si élevé", a-t-elle ajouté.
Les discussions avec Alexis Tsipras, a souligné la chancelière, ont signalé "une soif de coopération" entre la Grèce et l'Allemagne, même si des divergences demeurent.
"SOIF DE COOPÉRATION"
Les deux dirigeants devaient participer ensuite à un dîner au cours duquel les réformes réclamées à la Grèce devraient être discutées plus en profondeur.
Le Premier ministre grec a souligné qu'il n'était pas venu à Berlin pour régler les problèmes de trésorerie de son pays mais pour trouver les moyens d'aller ensemble de l'avant au sein de la zone euro.
Alexis Tsipras a écrit la semaine dernière à Angela Merkel pour l'avertir qu'il serait impossible pour son pays d'assurer le service de sa dette dans les prochaines semaines sans aide financière supplémentaire.
Pour obtenir le déblocage des aides financières attendues, Athènes doit présenter à l'Eurogroupe des ministres des Finances de la zone euro une liste détaillée de réformes structurelles, conformément à l'accord conclu le mois dernier à Bruxelles sur la prolongation de quatre mois de l'aide internationale.
Ces réformes seront jugées par l'Eurogroupe dans son ensemble et non par l'Allemagne seule, a tenu à souligner Angela Merkel lundi.
Les tensions entre Athènes et Berlin ont aussi été alimentées ces dernières semaines par les demandes grecques de réparations allemandes au titre de l'occupation nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. Le ministère allemand des Affaires étrangères a réaffirmé lundi que le chapitre était définitivement "clos".
"LES OMBRES DU PASSÉ"
Lors de la conférence de presse à Berlin, Alexis Tsipras a affirmé que personne dans son gouvernement n'avait l'intention de confisquer des biens appartenant à des Allemands, comme l'avait pourtant laissé entendre son ministre de la Justice, et a ajouté que les réparations réclamées n'étaient pas "matérielles".
Il a aussi dénoncé comme "une injuste provocation" la récente couverture d'un magazine allemand montrant Merkel au milieu d'officiers nazis sur la colline de l'Acropole.
"S'il vous plaît, laissons derrière nous les ombres du passé", a-t-il lancé. "L'Allemagne démocratique d'aujourd'hui n'a rien à voir avec l'Allemagne du Troisième Reich qui a fait couler tant de sang."
Angela Merkel s'est dite pleinement consciente des souffrances du peuple grec sous l'occupation nazie et a laissé entendre qu'elle pourrait augmenter les fonds réservés depuis l'an dernier aux programmes d'échange entre jeunes Grecs et jeunes Allemands. Ces fonds ont pour l'instant été fixés à un million d'euros par an pendant trois ans.
Devant la chancellerie, où le Premier ministre grec et la chancelière ont passé en revue une garde d'honneur, Alexis Tsipras a salué un groupe de manifestants qui brandissaient des drapeaux portant un coeur rose et les inscriptions "les Allemands aiment la Grèce" et "les Grecs aiment l'Allemagne".
(Stephen Brown et Michael Nienaber, Guy Kerivel pour le service français)