TRIE-CHTEAU, Oise (Reuters) - François Hollande a annoncé vendredi la mise en place d'un dispositif fiscal de soutien à l'investissement productif des entreprises, dont les détails seront dévoilés mercredi prochain.
Plusieurs clignotants macroéconomiques sont repassés au vert en France mais l'investissement des entreprises, susceptible d'enrichir la reprise en emplois, reste atone.
Des chefs d'entreprise plaident pour des mesures de soutien afin d'inciter les entreprises à répondre à la hausse attendue de la demande, à l'image du président du conseil de surveillance de PSA (PARIS:PEUP) Peugeot Citroën, Louis Gallois.
"L'investissement va être stimulé, encouragé, parce que c'est l'investissement qui va permettre à la croissance d'être plus forte et à l'emploi d'être plus important qu'il n'est prévu aujourd'hui", a dit François Hollande lors de la visite d'une forge dans l'Oise.
"Les entreprises qui décideront d'accélérer leur projet, d'aller plus vite pour investir, se verront accorder un dispositif fiscal qui améliorera leur trésorerie et améliorera la rentabilité de l'opération. Cela sera applicable dès à présent", a-t-il ajouté.
Le mécanisme sera précisé lors du conseil des ministres et du séminaire gouvernemental sur la croissance, l'emploi et l'égalité des territoires prévus mercredi prochain à l'Elysée.
"La croissance est liée très fortement à la reprise de l'investissement et c'est ça qui nous manque aujourd'hui", a réagi, Jean-François Pilliard, vice-président du Medef, en marge d'une conférence sociale. "Toute mesure qui va dans le sens de la relance de l'investissement accompagne la croissance."
Le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, a quant à lui estimé "absolument nécessaire de relancer l'investissement".
Dans sa note de conjoncture publiée jeudi, l'Insee prévoit une stagnation de l'investissement des entreprises au premier trimestre, suivie d'une maigre hausse de 0,1% au second, un léger mieux dans l'industrie permettant de compenser un secteur de la construction toujours déprimé.
L'institut de la statistique a rappelé à cette occasion que l'investissement n'avait jamais été un moteur dans les phases de reprise en France et qu'il peut se passer "quelques trimestres" avant qu'il n'embraye derrière un regain de demande des ménages.
REMBOURSEMENT DE TVA ANTICIPÉ POUR LES COLLECTIVITÉS
Le chef de l'Etat a par ailleurs annoncé une accélération du remboursement de la TVA pour les collectivités locales, ces dernières imputant le repli de leurs décisions d'investissement à la baisse des dotations financières de l'Etat.
Toujours pour soutenir les entreprises, François Hollande a annoncé la création avec les groupes d'assurances français et étrangers d'un fonds d'investissement de plus de 500 millions d'euros "qui va apporter du capital, du financement de fonds propres pour les entreprises". Il sera opérationnel le mois prochain.
Ces fonds proviendront des assurances-vie, a-t-on précisé dans son entourage.
L'Association française de l'assurance a précisé vendredi dans un communiqué que ces fonds "accompagneront les projets de croissance et d'innovation des PME et ETI dont le chiffre d'affaires se situe entre 30 millions et 200 millions d'euros".
La capacité de prêt de la Banque publique d'investissement (BPI) sera portée "jusqu'à huit milliards d'euros pour permettre aux entreprises d'investir encore davantage", a par ailleurs annoncé le chef de l'Etat.
François Hollande s'est parallèlement prononcé pour la création d'un compte personnel d'activité pour les salariés, qui regrouperait le compte pénibilité, le compte épargne-temps et le compte formation professionnelle.
"Tous ces droits doivent être centralisés. C'est une belle perspective qui doit être garantie dans le temps", a-t-il dit.
"Il n'est pas question de créer de la précarité pour les salariés", a-t-il ajouté alors que les déclarations sur de possibles modifications du Code du travail se sont multipliées ces derniers jours. "Ils doivent avoir une vision de leur avenir".
Pour Laurent Berger, regrouper ces dispositifs "n'est pas une mauvaise idée". "Faisons un dispositif unique ; il faudrait en définir les contours, le contenu, le financement", a-t-il ajouté.
Le numéro un de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, a quant à lui estimé que "le président de la République serait bien inspiré de consulter plutôt que de lancer comme ça des idées sans consulter auparavant".
(Elizabeth Pineau, avec Jean-Baptiste Vey et Emmanuel Jarry à Paris, édité par Yves Clarisse)