par Pete Sweeney
SHANGHAI (Reuters) - Les mesures d'assouplissement monétaire de la Chine ne semblent pas avoir d'impact notable sur les pressions déflationnistes, au vu des statistiques d'inflation de mars publiées vendredi.
C'est pourquoi nombreux sont ceux qui prédisent un nouveau train de mesures d'assouplissement, comme par exemple une nouvelle réduction du coefficient des réserves obligatoires, encore que l'on s'interroge sur l'efficacité réelle de cette méthode.
L'inflation annuelle mesurée par les prix de détail n'a pas bougé en mars, à 1,4%, au-dessus d'un consensus la donnant à 1,3%. Les prix à la production pour leur part ont baissé de 4,6% annuels, au lieu des 4,8% projetés, qui égalaient le pourcentage de février.
Les données d'inflation inaugurent une volée d'indicateurs à paraître avec pour point culminant, le 15 avril, le PIB du premier trimestre. Une enquête Reuters donne une croissance à un plus bas de six ans de 7%.
Cela fait trois ans que les prix à la production sont dans le négatif, témoins des pressions qui s'exercent sur les marges des entreprises chinoises, surtout industrielles.
En revanche l'inflation plus élevée que prévu de mars s'explique par une envolée soudaine des prix du porc, lesquels freinaient l'indice des prix de détail depuis décembre 2013.
L'inflation par les prix de détail reste très éloignée de l'objectif officiel de 3% pour cette année. Les prix à la production subissent eux l'effet déflationniste des matières premières.
Les autorités chinoises s'inquiètent publiquement des risques de déflation, étayés par le retournement du marché immobilier, les surcapacités industrielles, la chute des prix des matières premières et plus généralement des perspectives économiques mondiales incertaines.
Pour autant, l'un de ces éléments, la déflation des matières premières, est un bon point pour certaines entreprises qui peuvent ainsi consolider leurs marges.
La Banque populaire de Chine (PBoC) a abaissé les taux plusieurs fois et procédé à une réduction du coefficient des réserves obligatoires, tout en lançant ce mois-ci un programme très attendu de garantie des dépôts, autant de mesures sans réel impact pour l'heure sur les coûts d'emprunt, constatent toutefois les économistes.
"Nous pensons que seule une injection de liquidités permanente pourra étayer des conditions monétaires qui sont actuellement favorables, afin de se prémunir du risque de déflation", disent les économistes d'ANZ Zhou Hao et Liu Ligang.
(Wilfrid Exbrayat pour le service français)