PARIS (Reuters) - Manuel Valls a opposé lundi deux manières de débattre de l'islam, l'une stigmatisante, l'autre constructive, trois semaines après la journée de travail consacrée aux religions organisée par le parti Les Républicains.
"Ce qu'il faut éviter c'est de stigmatiser, de montrer du doigt, d'accroître les fractures qui existent dans notre société", a estimé le Premier ministre lors du forum "République et Islam : ensemble, relevons le défi" organisé à l'Assemblée nationale à l'initiative du député socialiste Jean Glavany.
"Il y a deux manières de débattre", a souligné le chef du gouvernement. "La manière stigmatisante, celle qui consiste en général à dresser les gens les uns contre les autres, de tenir des propos blessant" et celle qui consiste "à avancer, à être constructif".
"La société française a besoin de débats et de débats constructifs et apaisants", a-t-il ajouté.
Le gouvernement a lancé la semaine dernière une "instance de dialogue" avec l'islam afin d'échanger au sortir de six mois marqués par une recrudescence de violences antimusulmanes après les attentats de Paris en janvier.
Lundi, Manuel Valls a plaidé en faveur de la promotion et de la défense de la laïcité et a appelé à "faire jaillir un Islam de France ancré dans la République" et à permettre aux jeunes dans les banlieues défavorisées "d'exercer pleinement leur citoyenneté".
"Nous devons être capables avec les musulmans de France de les traiter avec intelligence, doigté, méthode sans en faire un dialogue électoral", a-t-il dit, épinglant les "extrémismes de tous bords" souhaitant "faire échouer une démarche constructive et positive".
L'organisation d'un débat par Les Républicains sur les religions et la République le 4 juin dernier a ravivé les fractures idéologiques entre les prétendants à la primaire du parti. A l'origine de cette initiative, Nicolas Sarkozy s'est défendu de tout faux pas et affiché sa volonté d'"apaiser" sur les questions liées à l'islam en France.
(Emile Picy, édité par Marine Pennetier)