par Andrew Osborn et Polina Devitt
MOSCOU (Reuters) - Vladimir Poutine a ordonné vendredi la suspension de tous les vols des compagnies aériennes russes vers l'Egypte jusqu'à ce que soit établie la cause de la destruction d'un Airbus (PA:AIR) russe samedi dernier au-dessus du Sinaï.
Cette décision, a toutefois souligné le Kremlin, ne veut pas dire que les autorités russes accréditent la thèse d'un attentat.
Un Airbus A321 de la compagnie russe Metrojet à destination de Saint-Pétersbourg s'est écrasé dans le Sinaï une vingtaine de minutes après son décollage de Charm el Cheikh, avec 224 personnes à bord. Il n'y a eu aucun survivant.
Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne n'ont pas exclu la possibilité qu'une bombe ait été placée à bord de l'appareil. La Province du Sinaï, groupe djihadiste égyptien affilié à l'Etat islamique (EI), a affirmé dès samedi avoir détruit l'appareil en représailles aux frappes aériennes russes en Syrie.
Le président Poutine a décidé de suspendre les liaisons aériennes avec l'Egypte sur la recommandation du chef des services secrets russes, Alexandre Bortnikov.
"Jusqu'à ce que nous connaissions la raison réelle de ce qui s'est passé, je considère opportun de cesser les vols russes vers l'Egypte", avait déclaré le chef du Service fédéral de sécurité (FSB). "Cela concerne avant tout les lignes touristiques."
Vladimir Poutine a ordonné à son gouvernement de trouver le moyen d'organiser le rapatriement des quelque 45.000 touristes Russes qui se trouvent en Egypte et d'ouvrir des discussions avec les autorités égyptiennes pour assurer la sécurité aérienne, a précisé le porte-parole du Kremlin.
DIFFICILE RAPATRIEMENT DES TOURISTES BRITANNIQUES
La Grande-Bretagne, l'Irlande, l'Allemagne et les Pays-Bas ont également suspendu cette semaine leurs vols vers Charm el Cheikh. La compagnie aérienne Turkish Airlines a aussi annoncé qu'elle annulait ses vols prévus vendredi et samedi soir.
Vendredi, les opérations de rapatriement des 20.000 touristes britanniques bloqués dans la station balnéaire se sont heurtées à de grandes difficultés.
La compagnie aérienne easyJet (L:EZJ) a annoncé que les autorités égyptiennes lui avaient interdit d'effectuer huit de ses dix vols prévus dans la journée. Seuls deux de ses appareils ont été autorisés à décoller de Charm el Cheikh, les passagers ne pouvant emporter que des bagages à main.
Les autres compagnies aériennes britanniques ont déclaré qu'elles poursuivaient leurs vols.
Se défendant de vouloir entraver le trafic, le ministère égyptien de l'Aviation civile a affirmé que le nombre des vols était de fait limité par les capacités de l'aéroport de Charm el Cheikh.
Le porte-parole du Premier ministre David Cameron a reconnu que la situation était "difficile et fluctuante".
Outre easyJet, les compagnies britanniques Thomas Cook Airlines, Monarch, British Airways et Thomson assurent des liaisons entre la Grande-Bretagne et Charm el Cheikh.
Monarch a fait savoir que ses cinq vols programmés dans la journée étaient confirmés. British Airways a également confirmé le seul vol qu'elle a prévu.
Présent à Charm el Cheikh, l'ambassadeur du Royaume-Uni en Egypte, John Casson, a fait état de progrès dans le rapatriement des Britanniques malgré les "difficultés logistiques".
(Avec Maria Tsvetkova; Danielle Rouquié et Guy Kerivel pour le service français)