par Elisabeth O'Leary
MADRID (Reuters) - Les députés catalans ont adopté lundi une résolution ouvrant la voie à l'indépendance de la région, malgré la ferme opposition du gouvernement espagnol qui s'est engagé à bloquer un processus censé aboutir d'ici 18 mois.
"Le parlement catalan va adopter les mesures nécessaires pour entamer le processus démocratique d'émancipation totale, permanente et pacifique vis-à-vis de l'Etat espagnol", peut-on y lire.
Le débat sur la sécession de la plus riche des régions espagnoles s'est imposé comme l'un des principaux thèmes de la campagne pour les législatives nationales du 20 décembre, après la victoire des indépendantistes aux élections locales de septembre.
La Constitution espagnole interdit toute remise en cause de l'intégrité territoriale et Mariano Rajoy, président du gouvernement de Madrid, a la ferme intention de s'opposer au projet.
"Je comprends que beaucoup d'Espagnols en aient assez de ces tentatives incessantes de discréditer nos institutions", a-t-il déclaré lundi, ajoutant qu'il allait saisir la Cour constitutionnelle afin que la résolution du parlement catalan reste "sans conséquences".
Le texte stipule que les décisions juridiques nationales, "en particulier celles de la Cour constitutionnelle", ne sont pas légitimes, ce qui promet une âpre bataille.
"La société catalane est maintenant face au concept qui voit la politique comme un autre moyen de faire la guerre", a déclaré Raul Romeva, membre du Junts Pel Si, vainqueur des élections régionales.
"Nous avons une occasion en or de concevoir et de bâtir un Etat moderne ancré dans le XXIe siècle, exemplaire et à même d'en finir avec les errements et la corruption", a-t-il ajouté à la tribune du parlement régional.
Hors de Catalogne, les adversaires de l'indépendance de la région sont majoritaires, quelle que soit leur sensibilité politique.
Un référendum d'autodétermination jugé illégal par Madrid a été organisé l'an dernier et Artur Mas, président de la région, a été mis en examen pour l'avoir organisé contre l'avis des autorités nationales.
(Elisabeth O'Leary; Nicolas Delame et Jean-Philippe Lefief pour le service français)