Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a tenté mardi de rassurer les artisans sur ses intentions concernant la révision des qualifications nécessaires pour exercer certains métiers, un des volets de son projet de loi Noé qui suscite l'inquiétude de plusieurs professions.
"Il est possible de préserver vos atouts et vos savoirs-faire tout en valorisant notre potentiel de créations d'emplois, ce qui implique au premier chef de moderniser ce système de qualifications", a déclaré le ministre lors d'un séminaire organisé par l'Assemblée permanente des chambres de métiers de l'artisanat (APCMA) et l'Union professionnelle des artisans (UPA).
"Toutes les qualifications des métiers qui concernent la santé et la sécurité, il ne s'agit en aucun cas de les remettre en cause", a-t-il assuré. "Mais dans nombre de situations, nous avons collectivement - professions et pouvoir publics - créé des contraintes (...) qui ne sont pas justifiées", a-t-il poursuivi.
Selon M. Macron, "la condition de l'excellence, c'est avant tout la compétence, et le diplôme n'a pas le monopole de la compétence".
"La compétence, elle peut s'acquérir par l'expérience et l'obligation de qualification comme préalable n'est donc pas indispensable en soi au bon fonctionnement d'un secteur", a-t-il souligné.
Le ministre a indiqué que Bercy avait établi une "liste très exhaustive de professions" qui se sont vues ajouter des exigences de qualifications ou des réglementations, dans le prolongement d'une loi de 1996.
Selon lui, l'idée est d'effectuer, avec les représentants des métiers concernés, "un travail de peignage" pour "enlever tout ce qui est inutile".
"Rien ne sera fait sans ce travail de concertation", a promis le ministre, qui a été à plusieurs fois chahuté lors de son discours par l'assistance, certains criant "c'est faux" à certaines de ses assertions.
"Moi les brouhahas ça ne m'a jamais ému", a-t-il lancé, appelant ses interlocuteurs au "respect mutuel".
Le projet de loi Noé pour Nouvelles opportunités économiques, présenté début novembre par M. Macron, prévoit notamment de "revoir les exigences de qualification de manière très fine, sur des critères objectifs de sécurité des consommateurs".
Cette mesure a suscité l'inquiétude de plusieurs professions. L'Union nationale des Entreprises de Coiffure (Unec) a lancé début décembre une opération invitant les élus à prendre une leçon de coiffure pour comprendre l'importance des qualifications dans ce métier.