MARSEILLE (Reuters) - Au moins 1.151 hommes, femmes et enfants ont péri en Méditerranée centrale depuis la décision de l'Italie, il y a un an, de fermer ses ports aux navires humanitaires qui portent secours aux migrants en mer, ont dénoncé mercredi Médecins sans frontières (MSF) et SOS Méditerranée.
Selon un communiqué de ces ONG, plus de 10.000 autres personnes ont été renvoyées de force en Libye.
"La réponse des gouvernements européens à la crise humanitaire en Méditerranée et en Libye n'a fait que se dégrader", a déclaré la responsable opérationnelle de MSF Anne-Marie Loof.
"Il y a un an, nous avons imploré les gouvernements européens de faire passer la vie des personnes avant la politique. Pourtant, un an plus tard, la réponse européenne a atteint un niveau des plus déplorables", a-t-elle ajouté.
SOS Méditerranée et Médecins sans frontières ont renoncé fin 2018 à affréter l'Aquarius, bateau avec lequel elles portaient secours aux migrants qui tentent la traversée à partir des côtes libyennes.
L'Aquarius, qui était le dernier navire humanitaire actif en Méditerranée, a été bloqué à Marseille après la perte de son pavillon panaméen, le 23 septembre, pour non respect des "procédures juridiques internationales en matière de secours" aux réfugiés, une "mesure politique", estiment ces ONG.
Selon elles, plus de 3.800 départs sur des embarcations de fortune ont été répertoriés ces six dernières semaines.
"La réalité est que même avec de moins en moins de navires humanitaires en mer, les personnes ont quatre fois plus de risques de mourir en mer que l'an dernier, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM)", souligne le directeur des opérations de SOS Méditerranée, Frédéric Penard.
Médecins sans frontières et SOS Méditerranée demandent aux Etats de l'Union européenne la "fin des actions punitives contre les ONG" intervenant en Méditerranée centrale, la mise en place d'urgence de "capacités de recherche et de sauvetage" et d'un "système de débarquement pérenne" vers des "lieux sûrs".
(Jean-François Rosnoblet, édité par Emmanuel Jarry)