par Costas Pitas et Alistair Smout
LONDRES (Reuters) - Le Parti conservateur du Premier ministre britannique Boris Johnson a remporté vendredi une victoire écrasante aux élections législatives, ce qui lui donne les coudées franches pour quitter l'Union européenne le 31 janvier, comme il s'y est engagé durant la campagne.
Les Tories ont obtenu une large majorité de 364 sièges sur les 650 que compte la Chambre des communes, selon des résultats quasi complets. Il s'agit de leur victoire la plus large depuis le triomphe de Margaret Thatcher, en 1987.
La majorité absolue est théoriquement de 326 députés, mais il en faut en général un peu moins car les députés nord-irlandais du Sinn Fèin ne siègent pas aux Communes.
"Nous allons quitter l'UE le 31 janvier. Il n'y a plus ni 'si', ni 'mais'", a déclaré le chef du gouvernement, s'adressant à ses partisans en début de matinée. Boris Johnson a par ailleurs rendu hommage à ceux dont la main a "tremblé" en glissant le bulletin de vote conservateur dans l'urne.
"Peut-être nous avez-vous seulement prêté votre voix. Vous ne vous considérez peut-être pas comme un (militant) conservateur (...). Vous reviendrez peut-être dans le giron du Parti travailliste la prochaine fois et, si tel est le cas, je suis touché que vous m'ayez fait confiance", a-t-il poursuivi.
"Nous avons gagné des voix et la confiance de personnes qui n'ont jamais voté conservateur auparavant. Ces gens veulent du changement. Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas les laisser tomber."
Sur le marché des changes, la livre britannique a pris près de 1,9% face au dollar, contre lequel elle a touché son plus haut niveau depuis mai 2018.
Avec 203 sièges, le Parti travailliste essuie son plus sévère revers électoral depuis 1935. Son chef de file Jeremy Corbyn a annoncé qu'il allait renoncer à diriger le mouvement.
Le Parti national écossais obtient 48 des 59 sièges en Ecosse. Nicola Sturgeon, cheffe de file du SNP et du gouvernement local, a réclamé la tenue d'un nouveau référendum sur l'indépendance de l'Ecosse.
"Boris Johnson a peut-être reçu un mandat pour faire sortir l'Angleterre de l'Union européenne. Il n'a absolument pas le mandat de faire sortir l'Ecosse de l'Union européenne. L'Ecosse doit avoir le choix de son propre avenir", a-t-elle déclaré.
Les Libéraux démocrates sont crédités de 11 sièges et leur cheffe de file, Jo Swinson, a perdu son siège dans la circonscription de l'East Dunbartonshire face au SNP.
QUITTER L'UE LE 31 JANVIER
Cette large victoire permettra au chef du gouvernement de faire ratifier rapidement l'accord de retrait qu'il a négocié avec l'Union européenne, ce qui permettrait au Royaume-Uni de quitter l'Union européenne le 31 janvier.
Après le 31 janvier, la tâche n'en sera pas pour autant terminée pour Johnson puisqu'il lui faudra négocier un accord de libre-échange avec l'UE avant la fin de l'année 2020. Cette période de transition peut être prolongée jusqu'en décembre 2022, mais les conservateurs ont promis pendant la campagne qu'elle n'excéderait pas décembre 2020.
"Félicitations à Boris Johnson pour sa formidable VICTOIRE!", écrit Donald Trump sur Twitter (NYSE:TWTR). "La Grande-Bretagne et les Etats-Unis seront désormais libres de conclure un nouvel accord commercial massif après le BREXIT. Cet accord a le potentiel d'être beaucoup plus important et plus lucratif que tout accord qui pourrait être conclu avec l'UE. Félicitations Boris!", ajoute le président des Etats-Unis.
A Bruxelles, où sont réunis les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE, le président du Conseil européen a souhaité que le Parlement britannique vote rapidement sur la sortie de l'Union européenne. " Il est important d'y voir clair, dès que possible", a déclaré Charles Michel, invitant à coopérer de bonne foi avec Bruxelles.
La secrétaire d'Etat française aux Affaires européennes Amélie de Montchalin a déclaré que la "clarification" attendue par l'Europe sur le Brexit semblait avoir eu lieu.
"Le plus important dans ce Brexit, ce n'est pas la manière dont on divorce, c’est ce qu’on a à construire ensuite", a-t-elle ajouté devant la presse.
(Rédaction de Londres, avec Michel Rose à Bruxelles, version française Jean-Stéphane Brosse et Jean-Philippe Lefief)