MARRAKECH, Maroc (Reuters) - François Hollande a exhorté mardi les Etats-Unis et leur nouveau président, le climatosceptique Donald Trump, à respecter les engagements pris par Washington dans le cadre de l'accord de Paris sur la lutte contre le réchauffement climatique.
Cet accord universel conclu en décembre 2015 vise à maintenir le réchauffement climatique sous 2°C, si possible sous 1,5°C, et en vigueur depuis le 4 novembre, est "irréversible en droit et en fait", a déclaré le chef de l'Etat français à Marrakech, où se tient la 22e conférence des parties à la Convention des Nations Unies sur le climat (COP22).
"Les Etats-Unis, première puissance économique mondiale, deuxième émetteur de gaz à effet de serre, doivent respecter les engagements qui ont été pris", a-t-il poursuivi.
"La France (...) mènera ce dialogue avec les Etats-Unis et son nouveau président dans l'ouverture, dans le respect, mais avec exigence et détermination", a ajouté François Hollande, dont l'accord de Paris est le principal succès diplomatique.
A ce jour, 108 pays l'ont ratifié, dont les Etats-Unis et la Chine, les deux principaux pollueurs de la planète. Mais la victoire surprise de Donald Trump, le 8 novembre, a eu un l'effet d'une douche froide sur la conférence de Marrakech, censée lancer sa mise en oeuvre concrète.
Pendant sa campagne, le milliardaire américain a estimé que le réchauffement climatique était un "canular" inventé par la Chine pour nuire à l'industrie américaine et promis de revenir sur la signature des Etats-Unis.
Dans un entretien à France 24, RF1 et TV5, François Hollande a expliqué qu'il n'était pas de l'intérêt des Etats-Unis de dénoncer l'accord ou de ne pas le respecter.
"La planète n'est pas organisée avec des frontières, des barbelés, des barrières lorsqu'il s'agit de climat, tout le monde est concerné et donc beaucoup d'entreprises américaines sont impliquées maintenant dans la transition énergétique et même écologique", a-t-il dit.
"PHASE d'APAISEMENT"
"Donald Trump est plutôt protectionniste mais s'il ne peut pas échanger avec le reste du monde comme il le fait aujourd'hui, les premières victimes seraient les entreprises américaines", a-t-il aussi fait remarquer.
Le président français a émis le souhait que les choix de Donald Trump soient tempérés par les exécutifs des Etats américains et par le contre-pouvoir représenté par le Congrès.
"J'ai compris dans la conversation que j'ai eue (...) qu'il était dans une phase d'apaisement, de recherche de travail en commun avec ses partenaires et de constitution d'une équipe aussi solide que possible autour de lui", a dit le président, qui a eu Donald Trump vendredi au téléphone.
"Le président des Etats-Unis, il ne décide pas seul, il y a un congrès (..) et ces parlementaires-là ont des objectifs qui ne sont pas forcément ceux que Donald Trump avait pu, dans la campagne, évoquer", a aussi expliqué François Hollande.
Une remise en cause de la signature des Etats-Unis porterait un coup dur à la mise en oeuvre à l'accord de Paris, alors même que les engagements pris par les pays signataires sont encore jugés insuffisant pour limiter le réchauffement à 2°C.
En l'état actuel des choses, les experts estiment qu'il sera difficile de descendre sous 3°C, ce qui aurait un impact catastrophique pour de nombreux pays exposés aux effets des dérèglements du climat, comme la montée des océans.
François Hollande a rappelé que le rôle de l'actuel président américain, Barack Obama, avait été crucial lors des négociations qui ont conduit à la conclusion de l'accord.
(Alistair Doyle, avec Emmanuel Jarry et Elizabeth Pineau à Paris, édité par Yves Clarisse)