Un courtier vedette de Citigroup fait pression pour que la banque américaine honore un engagement de lui verser jusqu'à 100 millions de dollars de primes, affirme le Wall Street Journal, mettant le groupe largement renfloué par l'Etat dans une situation délicate.
Le courtier en question, Andrew Hall, est à la tête de la division de courtage dans l'énergie Phibro, une entité lucrative aux activités relativement indépendantes du groupe. Personnage atypique de Wall Street réputé pour son flair, il réclame le maintien des primes qui lui sont dues pour 2009.
Ce collectionneur d'art âgé de 58 ans, qui possède un château presque millénaire en Allemagne, a déjà perçu plus de 100 millions de dollars l'an dernier en primes au titre des bonnes performances de Phibro en pleine crise financière, selon des sources proches du dossier citées par le quotidien samedi.
Citigroup, ex-première banque mondiale sauvée de la faillite grâce à une intervention massive de Washington, se retrouve prise entre deux feux, entre sa volonté de récompenser ses meilleurs éléments pour les conserver et l'obligation pour les banques renflouées par l'Etat de ne pas utiliser les deniers publics en primes dispendieuses.
Citigroup a reçu quelque 45 milliards de dollars de fonds fédéraux depuis l'automne, et doit être détenue à 34% par l'Etat américain, son actionnaire de référence désormais.
Dans une situation similaire, le géant déchu de l'assurance AIG, qui a reçu 170 milliards de dollars de Washington, avait choqué l'opinion en dévoilant le versement de 165 millions de dollars en primes à ses cadres.
Le cas de Citigroup va mettre à l'épreuve Kenneth Feinberg, chargé par l'Administration Obama de superviser les plans de rémunération des sept entreprises les plus renflouées par l'Etat, et qui a le pouvoir d'autoriser le versement de primes.
Ces établissements ont jusqu'à la mi-août pour soumettre à M. Feinberg leurs projets de primes, rappelle le Wall Street Journal.