par Elizabeth Pineau
PARIS (Reuters) - Manuel Valls réunit mardi ses proches dans un climat de tension au Parti socialiste où le candidat à l'élection présidentielle, Benoît Hamon, soupçonne certains d'organiser sa "mise à mort".
L'ancien Premier ministre verra ses fidèles mardi à l'Assemblée nationale, alors que la rumeur enfle quant à un possible rapprochement avec Emmanuel Macron, déjà soutenu par un poids lourd du gouvernement, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.
"Depuis quelques semaines s'organisent des ralliements à Emmanuel Macron qui consistent à me planter un couteau dans le dos. On m'annoncerait même la semaine prochaine une mise à mort avec le ralliement de Manuel Valls à la candidature d'Emmanuel Macron", a déclaré Benoît Hamon dimanche soir sur France 2.
"C'est oublier une chose, ce ne sont pas eux qui m'ont donné vie, c'est un vote populaire ", a ajouté le vainqueur de la primaire du PS, à qui Manuel Valls, finaliste malheureux, a refusé d'accorder son parrainage pour le scrutin présidentiel.
Interrogé lundi sur un possible soutien du candidat d'En Marche!, un proche de Manuel Valls a répondu que ce n'était pas "à l'ordre du jour immédiat". Un autre a estimé que la réunion des "vallsistes" ne déboucherait pas forcément sur une prise de position en ce sens.
"OPPORTUNITÉ POLITIQUE"
En difficulté dans les sondages, où il est désormais relégué à la cinquième place derrière le candidat de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon poursuit sa campagne mardi à Berlin, où il rencontrera la chancelière Angela Merkel, et mercredi à Lille, où viendra le soutenir la maire de la ville, Martine Aubry.
La crainte de voir la gauche éliminée dès le premier tour de l'élection présidentielle agite un PS très divisé au sortir d'un quinquennat difficile, même si une majorité de parlementaires soutient Benoît Hamon, soulignait lundi l'ancien ministre Vincent Peillon.
"Il y a quelques individus qui ne le soutiennent pas, c'est leur choix, mais la grande majorité le soutient avec plus ou moins d'ardeur", a déclaré sur Radio Classique l'ex-candidat à la primaire du PS.
"Certains qui sont d'ailleurs un peu dans une forme d'opportunité politique jouent, par le ralliement politique, un peu aussi le fait de faire parler d'eux", a-t-il estimé.
Dimanche, la ministre de l'Environnement Ségolène Royal, qui avait pourtant été l'une des premières à juger intéressante la démarche d'Emmanuel Macron, a refusé de participer au "feuilleton des ralliements".
"Il ne faudrait pas qu'au feuilleton des affaires succède un feuilleton des ralliements", a-t-elle dit sur LCI.
"Je ne participerai pas à ce feuilleton", a ajouté celle qui fut la candidate du PS à la présidentielle en 2007. "Ma conception de la politique, ce n'est pas de soutenir untel ou untel".
Chez Emmanuel Macron, on regarde de loin ce débat interne au Parti socialiste, appelé à se réorganiser de fond de comble après les scrutins du printemps.
"C'est la décision personnelle de Manuel Valls et de certains de ses amis, certainement, de dire qu'ils soutiendront Emmanuel Macron. Cela regarde Manuel Valls et Benoît Hamon. Ça ne va pas changer d'un iota nos positions", a dit à Reuters Arnaud Leroy, député PS aujourd'hui membre de l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron.
"Nous redisons que ralliement ne vaut ni investiture (pour les élections législatives-NDLR) ni droit de regard sur ce que nous proposons aux Français", a-t-il ajouté.
(Avec Emile Picy et Emmanuel Jarry, édité par Sophie Louet)