Les marchés financiers ont de nouveau subi de fortes pertes mardi, plombés par les incertitudes sur la santé de l'économie américaine et un regain de tension sur les économies européennes les plus fragiles, comme l'Italie et l'Espagne.
Les Bourses européennes ont toutes clôturé en baisse. Paris a perdu 1,82%, Londres 0,97%, Francfort 2,26%. Milan a chuté de 2,53% et Madrid de 2,18%. La Bourse suisse a plongé de 4,09%.
Outre-Atlantique, Wall Street s'est enfoncée dans le rouge à l'approche de la clôture, le Dow Jones cédant finalement 2,19%, à son plus bas niveau depuis la mi-mars, et le Nasdaq 2,75%.
"Le marché ne s'est pas tant concentré sur le vote du Sénat (américain) que sur les chiffres très faibles des dépenses de consommation" des ménages aux Etats-Unis, a expliqué Lindsey Piegza, de FTN Financial.
En recul en juin pour la première fois en deux ans, le chiffre est venu conforter les craintes des investisseurs non seulement pour l'économie américaine, mais pour l'économie mondiale, après les ralentissements observés dans l'activité manufacturière en Chine, en Europe et aux Etats-Unis lundi.
Le vacillement des marchés est intervenu malgré la promulgation rapide de la loi tout juste votée sur le Congrès sur le relèvement du plafond de la dette américaine.
Le compromis auquel ont abouti les élus pour parvenir à cette loi doit "encore être précisé pour apporter une réponse en mesure de donner le coup de pouce qui replacera l’économie américaine dans une spirale positive", ont observé les analystes du Crédit Mutuel-CIC.
Par ailleurs, le scénario d'un abaissement de la note de crédit de la première puissance économique mondiale n'avait pas disparu, ont relevé plusieurs analystes.
La confiance des investisseurs dans l'économie américaine a été érodée par le "spectacle" des élus américains débattant pendant des semaines au Congrès pour trouver un accord, a reconnu le secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner.
Les nerfs mis à vif par la longue impasse politique qui a marqué les négociations sur le budget, le marché a cédé non seulement face aux craintes "de voir la croissance fondre comme neige au soleil", mais aussi face à "l'énorme pression" exercée sur les taux obligataires espagnols et italiens, a expliqué Gregori Volokhine, de Meeschaert Capital New York.
Ces taux sont montés à des niveaux inédits depuis la création de la zone euro, plus hauts qu'au pire moment de la crise de la dette européenne.
A l'inverse, le marché obligataire allemand, considéré comme sûr, a bondi. Le taux du Bund à 10 ans est ainsi tombé sous l'inflation allemande pour la première fois depuis la réunification du pays en 1990. Le taux du bon du Trésor américain à 10 ans est tombé au plus bas depuis novembre, à 2,624%.
Ces tensions ont conduit le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero à retarder son départ en vacances afin de surveiller la situation sur les marchés.
A Rome, le ministre italien de l'Economie et des Finances Giulio Tremonti a convoqué une réunion du comité pour la sauvegarde de la stabilité financière, qui rassemble la Banque d'Italie, l'autorité boursière et le régulateur des assurances.
Bruxelles a cependant exclu toute discussion sur un plan de sauvetage pour ces deux pays.
L'accord européen du 21 juillet sur un nouveau plan d'aide à la Grèce censé enrayer la contagion de la crise de la dette n'a pas convaincu: "C'est la débandade, cela continue malheureusement. Le marché n'est toujours pas rassuré", explique Cyril Regnat, analyste de la banque Natixis.
L'euro a souffert de cette situation, se repliant face au dollar à 1,4204 dollar pour un euro vers 20H45 GMT.
Le franc suisse et le yen continuaient de profiter de l'aversion des investisseurs pour la prise de risque, le premier enfilant un nouveau record à la fois face à l'euro et face au dollar.
Valeur refuge par excellence, l'or a atteint de nouveaux sommets historiques, à près de 1.660 dollars l'once sur le marché au comptant.
Les Bourses asiatiques, qui avaient terminé en hausse la veille, ont inversé la tendance mardi.
Tokyo a fini la séance en recul de 1,21%, les investisseurs se défaisant de titres de groupes exportateurs nippons à cause de la cherté du yen.