PARIS (Reuters) - Le départ groupé des ministres issus du MoDem ne peut être interprété comme un aveu de culpabilité dans l'affaire des emplois présumés fictifs au Parlement européen, a estimé jeudi le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner.
Les trois partants, François Bayrou, Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard, ont dit vouloir se libérer des contraintes de leurs fonctions afin de pouvoir mieux répondre aux soupçons, à l'origine de la première crise du quinquennat Macron.
Quitter le gouvernement "a comme conséquence au fond de donner l'impression qu'il y aurait une forme de culpabilité", a déclaré Christophe Castaner lors du compte rendu du conseil des ministres, le premier du gouvernement Edouard Philippe 2.
"Nous savons que pour ces trois personnes qui ont fait le choix de quitter le gouvernement, il n'en est rien", a-t-il ajouté.
Selon le porte-parole du gouvernement, Emmanuel Macron a apporté son soutien à ses trois anciens ministres lors de ce même conseil.
Mercredi, François Bayrou a démenti tout système de rétribution frauduleuse de ses salariés avec des fonds normalement alloués au travail parlementaire des eurodéputés et de leurs équipes.
"GESTION NORMALE"
"Nous n'avons jamais eu d'emplois fictifs", a déclaré, lors d'une conférence de presse, le président du MoDem, qui faisait figure de pilier du premier gouvernement de l'ère Macron.
"La gestion de la ressource humaine dans notre mouvement a été régulière, normale, je dirais morale", a encore dit l'ancien ministre de la Justice.
La pression sur les trois ministres venus du parti centriste n'a cessé de s'accentuer au cours du mois de juin, rythmé par l'ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet de Paris, notamment pour abus de confiance, et le début des auditions.
Un ex-salarié du MoDem à l'origine d'un premier signalement, celui qui a conduit le parquet à se saisir de ce dossier politiquement sensible, a été entendu jeudi matin comme témoin par la police, a-t-on appris de source policière.
Dans son édition de vendredi, le journal Le Monde rapporte des propos de Michel Mercier, ancien trésorier du MoDem, qui nie avoir signé un document aujourd'hui au centre du dossier.
Les enquêteurs s'intéressent en effet à des avenants aux contrats de travail de plusieurs salariés, qui ont été détachés auprès d'eurodéputés et rémunérés en tant que tels, soulageant par la même occasion les finances d'un parti exsangue.
Selon Le Monde, plusieurs avenants portent le nom et la signature de Michel Mercier, futur ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy.
"Je ne vois pas comment j'aurais pu signer ce contrat un 1er novembre alors que chaque 1er novembre, je vais à la messe. Puis je me rends au cimetière et ensuite je vais aux vêpres", dit l'ancien trésorier, cité par le quotidien, à propos de l'un de ces avenants.
(Elizabeth Pineau et Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)