PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron sera à Nice vendredi pour assister aux commémorations de l'attentat qui a fait 86 morts et plus de 400 blessés le 14 juillet 2016, sur fond de critiques quant à l'organisation de l'aide aux victimes en France.
Au cours de sa visite de quelques heures, le chef de l'Etat s'entretiendra avec le maire de Nice Christian Estrosi avant d'assister à la cérémonie d'hommage, qui sera marquée par une minute de silence, et de rencontrer vers 19h00, sans les médias, les familles des victimes.
"Le président tenait à être présent pour cet hommage national un an après un drame qui a endeuillé la France", souligne-t-on dans l'entourage d'Emmanuel Macron.
"Ce déplacement sera aussi le moment de reconnaître à travers des remises de décoration le courage de nombres d'anonymes ou de professionnels qui se sont dévoués pour sauver des vies", ajoute-t-on. "Il a également tenu à saluer personnellement et à huis clos les familles des victimes pour rappeler que la Nation se tenait à leurs côtés".
Les anciens présidents de la République Nicolas Sarkozy et François Hollande devraient également être présents.
Peu après 22h30 ce soir-là, un Franco-Tunisien de 31 ans, Mohamed Lahouaiej Bouhlel, fonce au volant de son camion sur la foule réunie sur la promenade des Anglais, tuant 86 personnes et faisant plus de 400 blessés sur son passage. L'assaillant est tué par les forces de l'ordre. L'attentat sera revendiqué l'Etat islamique.
"La République a été atteinte dans sa chair et l'Etat a une part de responsabilité, au moins dans sa fonction protectrice. Quand on n'a pas pu protéger on doit réparer, en tout cas on doit essayer de réparer", a estimé l'ex-secrétaire d'Etat à l'aide aux victimes, Juliette Méadel, sur franceinfo jeudi, dans une allusion claire à la polémique sur l'organisation de l'aide aux victimes en France.
"UNE ERREUR" POUR VALLS
La disparition prochaine du Secrétariat général à l'aide aux victimes suscite l'incompréhension des associations qui dénoncent un retour en arrière et en appellent à Emmanuel Macron.
Créé en février dernier par Juliette Méadel et rattaché à Matignon, le SGAV devait devenir une administration pérenne destinée à toutes les victimes, aussi bien d'attentats que d'intempéries.
Mais le nouveau quinquennat a changé la donne. L'aide et l'accompagnement des victimes seront désormais rattachés au ministère de la Justice, au grand dam de certaines associations qui souhaitaient que ces questions restent dans le giron de Matignon.
Une première réunion du comité interministériel de l'aide aux victimes s'est tenue mercredi soir en présence du Premier ministre Edouard Philippe. Ce dernier a annoncé la nomination prochaine de la magistrate Elisabeth Pelsez au poste de déléguée interministérielle à l'aide aux victimes.
Il s'agit pour les victimes d'avoir "un point d'entrée dans la structure administrative" et d'assurer une efficacité maximale grâce à la dimension interministérielle, a souligné le chef du gouvernement lors d'une déclaration à la presse.
Pour le secrétaire général de la Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents (Fenvac), Stéphane Gicquel, l'annonce du gouvernement est "un signal négatif" adressé aux victimes.
"Clairement, nous avons perdu la bataille, nous n'avons pas été entendus par le président de la République et par le gouvernement", a-t-il dit à Reuters. "Nous voulions que la structure soit rattachée aux services du Premier ministre, ce n'est pas le cas".
"Aujourd'hui on a besoin d'être rassurés rapidement, sur les moyens de la mission, sur la marge de manoeuvre politique dont Elisabeth Pelsez disposera", ajoute-t-il.
Au sein de la classe politique, plusieurs voix se sont également élevées contre la décision du gouvernement.
"La suppression du Secrétariat général aux victimes du terrorisme est une erreur", a ainsi réagi l'ancien Premier ministre Manuel Valls sur Twitter jeudi. "Je demande à Edouard Philippe d'entendre les associations".
(Marine Pennetier, édité par Sophie Louet)