PARIS (Reuters) - LVMH (PA:LVMH) et Kering (PA:PRTP) ont annoncé mercredi avoir établi une charte portant sur leurs relations de travail et le bien-être des mannequins, s'engageant notamment à refuser les tailles inférieures à 34 pour les femmes.
Cette charte sera appliquée partout dans le monde à l'ensemble des marques des deux groupes de luxe, notamment Louis Vuitton, Céline ou Givenchy pour LVMH, Gucci, Saint Laurent ou Balenciaga pour Kering.
"LVMH et Kering s'engagent à supprimer de leurs demandes de casting la taille 32 chez les femmes et la taille 42 chez les hommes (tailles françaises)", indiquent-ils dans un communiqué.
Souvent critiquée pour la maigreur ou le très jeune âge de ses mannequins, l'industrie de la mode avait été à nouveau visée en mars dernier par un directeur de casting, James Scully, qui avait dénoncé sur Instagram un traitement qu'il jugeait "sadique et cruel" envers des modèles forcés d'attendre plusieurs heures dans un escalier pour un casting.
Mettant en avant leur rôle déterminant dans le secteur, les deux poids lourd du luxe estiment "avoir une responsabilité spécifique" et vouloir ainsi promouvoir "des standards élevés d'intégrité, de responsabilité et de respect vis-à-vis des personnes concernées".
François-Henri Pinault, PDG de Kering, et Antoine Arnault, membre du conseil d'administration de LVMH, directeur général de Berluti et président de Loro Piana, ont dit espérer être suivis par d'autres acteurs de la mode et pouvoir entraîner "un vrai changement dans les conditions de travail des mannequins".
Les deux groupes s'engagent aussi à ne pas recruter de modèles de moins de 16 ans et à instaurer des règles spécifiques pour ceux de moins de 18 ans, comme la présence d’un accompagnateur ou l'interdiction de travailler entre 22h et 6h du matin. Les agences devront aussi s'assurer qu'ils respectent leurs obligations scolaires.
LVMH et Kering promettent également de ne travailler qu'avec des mannequins possédant un certificat médical valide attestant de leur bonne santé et de leur capacité à travailler, obtenu dans les six mois précédant la séance de photos ou le défilé.
Enfin, les modèles auront également la possibilité de formuler directement une réclamation en cas de litige avec une agence, un directeur de casting ou une marque.
Cette charte devrait entrer en vigueur dès les prochaines "fashion weeks" d'automne et un comité de suivi sera mis en place pour s’assurer de sa mise en oeuvre effective.
En France, une loi visant à lutter contre l'anorexie est entrée en vigueur au printemps 2017, obligeant les mannequins à fournir un certificat médical attestant "d'un indice de masse corporelle permettant l'exercice de l'activité de mannequin".
Elle rend aussi obligatoire, à partir d'octobre, d'accompagner de la mention "retouchée" toute photo modifiée par un logiciel de traitement d'image ayant modifié l'apparence corporelle des mannequins.
(Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)