PARIS (Reuters) - La Banque postale est visée par une enquête préliminaire pour manquement à des obligations en matière de lutte contre le blanchiment d'argent, a-t-on appris lundi de sources judiciaires.
L'enquête a été transmise à la brigade financière en septembre, ajoute-t-on de même source, confirmant des informations du site Les Jours publiées lundi sur la base d'un pré-rapport de l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), surnommée le "gendarme des banques".
L'ACPR reprocherait à la Banque postale un "ensemble de dysfonctionnements" qui auraient permis à certains de ses clients, dont une banque d'Etat syrienne qui figure sur la liste noire des pays de l'Union européenne, d'échapper à tout contrôle.
Ces dysfonctionnements concerneraient les "mandats cash", procédés permettant de transférer facilement de l'argent à un tiers, ainsi que le gel des avoirs, qui consiste à bloquer les comptes et les capitaux d'une société sanctionnée par les autorités.
L'ACPR reproche des "carences du système de filtrage". Elle dit avoir découvert "plusieurs dizaines d'opérations effectuées au bénéfice de personnes figurant sur des listes de sanctions financières et faisant l'objet de mesures de gel nationales ou européennes".
La Banque postale aurait, par ailleurs, supprimé de ce système de filtrage la Saving Bank, une banque d'Etat syrienne figurant sur la "liste noire" de l'Union européenne, car son nom, très commun, déclenchait de nombreuses alertes.
La Banque postale confirme par communiqué avoir pris connaissance d'un "pré-rapport" de l'ACPR "établi à la suite d'une enquête sur son dispositif de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme".
"A ce stade, la procédure étant en cours, La Banque Postale réserve ses réponses à l'ACPR", ajoute l'institution. "La Banque Postale précise que la Syrie figure sur la liste des pays sous embargo, et qu'aucune opération n'a été faite entre La Banque Postale et la Syrie."
(Caroline Pailliez, édité par Tangi Salaün)