PARIS (Reuters) - Le Medef et la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) pourraient trouver un compromis avec les régions sur la gestion de l'apprentissage, mettant ainsi fin à un conflit qui paralysait les nouveaux chantiers sociaux du quinquennat d'Emmanuel Macron, a-t-on appris lundi auprès de la CPME.
Le Medef, la CPME et les régions se livrent depuis quelques semaines à un bras de fer sur la gestion de l'apprentissage, réforme qui se tient en parallèle de celle de la formation professionnelle et de l'assurance chômage.
Inquiètes à l'idée de perdre leur influence dans ce secteur qui représente un financement total de 8,2 milliards d'euros et dont elles récupèrent une partie, les régions ont quitté la table des concertations au mois de décembre.
Craignant de son côté que le gouvernement ne recule sur sa promesse de remettre les branches professionnelles au coeur du dispositif, au détriment des régions, le patronat a suspendu les négociations sur la formation professionnelle, suscitant l'inquiétude des organisations syndicales.
Le vice-président chargé des affaires sociales à la CPME, Jean-Michel Pottier, a toutefois précisé à Reuters que des "pistes" étaient évoquées pour sortir de cette impasse.
Concrètement, les régions disposeraient d'une enveloppe budgétaire provenant des revenus de la taxe d'apprentissage, qui représente 0,68% de la masse salariale, pour investir dans les centres de formation d'apprentis (CFA) qu'elles souhaitent voir s'installer sur leur territoire.
Sans disposer d'un réel pouvoir d'opposition à l'ouverture des CFA, comme c'est le cas en ce moment, elles exerceraient une certain influence sur ces décisions, dit Jean-Michel Pottier.
"C'est un compromis, donc ce n'est jamais entièrement satisfaisant, mais ce serait une voie de passage pour sortir des difficultés", a dit le vice-président de la CPME, précisant que pour son organisation, ce "serait acceptable".
Le Medef n'a pas souhaité se prononcer sur la question mais a reconnu que des discussions étaient en cours.
ENCORE "TROP TÔT"
Malgré cette avancée, il "serait trop tôt" encore pour savoir si les organisations patronales reviendront vendredi prochain à la table des négociations sur la formation professionnelle, ajoute la CPME.
Elles tiendront compte également du rapport sur l'apprentissage issu des concertations qui doit être présenté mardi aux acteurs du milieu.
La CPME assure que les organisations patronales préparent tout de même des textes entre elles qu'elles remettront aux partenaires sociaux lorsque la négociation reprendra.
Lundi, les responsables des ressources humaines (DRH) ont ajouté leurs voix à celles des syndicats pour exhorter patrons et régions à mettre fin à leurs "querelles de succession interne" et leurs "empoignades politiciennes".
"On est les défenseurs du dialogue social. Et un dialogue social, ce n'est pas un dialogue social où on claque les portes a longueur de journée", a fait savoir le président de leur association nationale (ANDRH), Jean-Paul Charlez, en conférence de presse.
"Il faut que tout le monde discute et encore une fois se recentre sur le client et non pas sur des enjeux de pouvoir, de gouvernance et de financement."
Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger avait appelé lundi les organisations patronales à "sortir de la tuyauterie".
"J'appelle ce matin le Medef à reprendre la négociation sur la formation professionnelle et à ne pas faire un chantage en disant 'si nous n'avons pas ce que nous voulons sur l'apprentissage, nous bloquerons la formation professionnelle'", a-t-il dit sur franceinfo.
(Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)