LYON (Reuters) - L'avocat général de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Lyon s'est prononcé jeudi en faveur de l'extradition de l'oligarque kazakh Mouktar Abliazov vers l'Ukraine.
Cet homme de 51 ans est soupçonné par le Kazakhstan d'avoir détourné et blanchi des fonds de la banque kazakhe BTA, dont il était le dirigeant et l'actionnaire principal. La défense de la banque chiffre le préjudice à plus de six milliards de dollars.
En fuite après son éviction de la BTA en 2009, l'ancien ministre de l'Energie et du Commerce du président kazakh Nourzoultan Nazarbaïev a été traqué jusqu'à son arrestation le 31 juillet 2013 dans les Alpes-Maritimes.
Il était passé auparavant par la Grande-Bretagne, où il avait obtenu l'asile politique.
L'avocate générale a considéré que les conditions étaient remplies pour accepter la demande d'extradition de l'Ukraine et estimé que sa sécurité y serait assurée.
"L'Ukraine est signataire de la convention européenne des droits de l'homme qui vous garantissent des conditions de détention ni inhumaines ni dégradantes", a-t-elle dit.
Mouktar Abliazov, défendu par un bataillon d'avocats, plaide de son côté le procès politique et dit être l'objet d'un complot de la nouvelle majorité au pouvoir. A l'audience, encadré par trois membres du GIGN, il a déclaré en russe que l'Ukraine était selon lui instrumentalisée dans cette affaire par le Kazakhstan.
"Il n'y a aucun preuve dans le dossier", a-t-il déclaré à plusieurs reprises. Il a également fait valoir qu'il craignait pour sa vie. "L'Ukraine, c'était l'Union Soviétique. Il ne faut pas avoir d'illusion, rien n'a changé, y compris les prisons."
Un de ses avocats, Me Jean-Pierre Mignard, a dénoncé le caractère instable du régime ukrainien.
"C'est un pays qui connaît un processus révolutionnaire, il n'y a pas de permanence des pouvoirs publics en Ukraine", a-t-il plaidé pour souligner le risque encouru par son client.
L'audience a été ponctuée d'incidents et de coups de théâtre. Le consul d'Ukraine à Lyon a ainsi apporté un décret tout juste signé par son gouvernement, visant à blanchir l'enquêteur qui a traqué Abliazov pendant plusieurs années et dont l'intégrité a été mise en cause.
La décision a été mise en délibéré sous un mois.
Une autre demande d'extradition d'Abliazov, émanant de la Russie, a été quant à elle renvoyée au 17 octobre.
(Catherine Lagrange, édité par Emmanuel Jarry)