EADS et le britannique BAE Systems doivent décider ce mardi s'ils poursuivent leurs efforts pour fusionner, après avoir appris que Paris et Londres avaient fait des "progrès significatifs" pour lever les obstacles à leur projet.
Les deux groupes ont écarté les dernières informations de la presse allemande sur un échec du projet. L'agence allemande DPA a annoncé l'échec de la fusion sans autres détails. Le site internet du Frankfurter Allgemeine Zeitung lui a emboîté le pas en attribuant le fiasco à un désaccord entre Français et Britanniques.
"Nous ne commentons pas les spéculations et quand nous aurons quelque chose à annoncer, nous l'annoncerons au marché", a déclaré un porte-parole du fabricant d'armes britannique.
"Nous sommes surpris par les informations de Berlin, a déclaré un porte-parole d'EADS. Ce matin même, nous avons appris que la France et la Grande-Bretagne avaient réalisé des progrès significatifs sur la question qui bloquait les négociations ces derniers jours", du groupe.
D'après des sources proches du dossier, Londres et Paris s'opposaient sur la question de la participation française au capital du groupe combiné, que les Britanniques voulaient maintenir en dessous de 10%. Mais c'est Berlin qui a exprimé le plus de réserves sur le projet.
"Les deux sociétés vont discuter de la situation et des suites à donner cet après-midi", a ajouté le porte-parole d'EADS. Les patrons des deux groupes, Tom Enders et Ian King doivent décider avec leurs conseils d'administration respectifs s'ils poursuivent leurs efforts en demandant un nouveau délai au régulateur britannique du marché ou les abandonnent pour le moment.
D'après des sources proches des négociations, les avancées seraient suffisantes pour demander une prolongation du délai.
La maison mère de l'avionneur Airbus et le premier industriel européen de la défense ont confirmé le 12 septembre qu'ils étaient en pourparlers pour former une structure qui dépasserait de loin l'américain Boeing.
Depuis que la nouvelle de leurs discussions a fuité dans la presse, les deux groupes ont fait face au scepticisme des marchés, à l'inquiétude de leurs actionnaires et aux réserves des gouvernements qui doivent approuver le rapprochement.
La Grande-Bretagne dispose d'une action spécifique au capital de BAE Systems lui donnant un droit de veto sur les décisions stratégiques. La France et l'Allemagne exercent un contrôle sur EADS, grâce à un pacte d'actionnaires conclu à la création du groupe en 2000.
Ne pas effaroucher les Etats-Unis
Les trois gouvernements tentent depuis des semaines de trouver une formule qui préserve leurs intérêts sans effaroucher les Etats-Unis - marché clé pour le groupe combiné - qui devront approuver la fusion et se méfient de l'influence des Etats sur leurs fournisseurs.
Londres se contente de l'action spécifique proposée aux trois capitales, qui leur permettra de s'assurer que l'entreprise reste européenne et d'empêcher toute prise de participation hostile. Elle cherche à contenir l'influence de Paris et Berlin.
La France détient 15% du capital d'EADS et entend y rester, ce qui lui donnera 9% des actions du groupe combiné. L'Allemagne, qui veut préserver la parité avec Paris, a obtenu vendredi l'accord de ses partenaires pour monter elle aussi à 9% du capital, selon des sources proches de la négociation.
"Les Britanniques ont fait un pas vers nous, en proposant que la participation française soit maintenue et n'excède pas 10%, mais ça ne rendrait pas possible une acquisition de la participation de Lagardère", expliquait-t-on de source française avant l'annonce de progrès.
Le groupe français de médias Lagardère détient 7,5% du capital d'EADS et a fait savoir qu'il comptait les vendre.
D'après des sources proches de la négociation, ce point ne constitue cependant pas un obstacle entre Français et les Britanniques à la réalisation de l'accord.
Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian doit rencontrer mardi après-midi ses homologues britannique Philip Hammond et allemand Thomas de Maizière en marge d'une réunion de l'OTAN, "pour préciser et se faire préciser la position de chaque Etat", dit-on de source française.