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Nigeria: un plan "ambitieux" pour sortir l'économie du marasme

Publié le 09/03/2017 09:15
Mis à jour le 09/03/2017 09:45
Un chantier de construction à Eko Atlantic City, le 22 novembre 2016 à Lagos, au Nigeria (Photo PIUS UTOMI EKPEI. AFP)
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Un chantier de construction à Eko Atlantic City, le 22 novembre 2016 à Lagos, au Nigeria (Photo PIUS UTOMI EKPEI. AFP)

Après des mois de récession et de nombreuses critiques sur la gestion du pays, le gouvernement nigérian s'engage dans une nouvelle politique économique et espèrent atteindre 7% de croissance d'ici 2020: un programme que les économistes jugent très ambitieux.

Le vaste plan de réformes publié lundi soir par le gouvernement, était très attendu par les bailleurs de fonds internationaux pour sortir le géant pétrolier ouest-africain de la pire crise économique qu'il ait connu depuis 25 ans.

"L'un des principaux objectifs du document était sans doute d'inciter la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD) à accorder plus de fonds au Nigeria, puisqu'elles avaient toutes deux réclamé un plan détaillé comme condition préalable à de nouveaux prêts", estime John Asbourne, analyste Afrique au cabinet de recherche indépendant Capital Economics.

Dans un document de 140 pages, le ministère du budget nigérian dresse un constat sombre de la situation actuelle, pointant notamment la chute des recettes publiques, l'affaiblissement du naira par rapport au dollar et l'inflation à deux chiffres, dans un contexte mondial d'effondrement des prix du brut et d'attaques rebelles sur les installations pétrolières dans le sud du Nigeria, qui ont affecté la production nationale.

"L'administration actuelle reconnaît que l'économie continuera probablement à décliner de manière constante et vertigineuse si rien n'est fait pour changer de trajectoire", est-il écrit noir sur blanc.

A l'horizon 2020, le plan de relance vise à diversifier l'économie avec des secteurs clés comme l'agriculture ou l'énergie, tout en reboostant la production d'or noir à 2,5 millions de barils par jour (contre 1,9 actuellement).

Le gouvernement, qui a lancé de grands projets d'infrastructures notamment pour développer le réseau de transports à l'intérieur du pays, espère aussi faire des économies en vendant ou en réduisant sa participation dans certains actifs comme des compagnies d'Etat pétrolières.

Objectif: faire grimper le PIB de 4,62% en moyenne par an jusqu'en 2020, où la croissance atteindrait 7%. Des chiffres bien loin du marasme actuel, l'économie du Nigeria ayant souffert d'une sévère contraction (-1,5% en 2016).

"La question est savoir comment il va être mis en oeuvre et avec quelle rapidité", affirme à l'AFP Razia Khan, économiste à la Standard Chartered (LON:STAN) Bank, qui salue un plan globalement "positif" et "encourageant".

- Le taux de change, 'réforme clé' -

L'ambitieux programme assigne d'ailleurs des objectifs précis à chaque ministre et prévoit la création d'une "unité d'exécution" uniquement pour superviser la mise en oeuvre du plan.

Mais les attentes les plus grandes concernent la politique monétaire, jusque-là très critiquée: le gouvernement opère un virage à 180 degrés et envisage pour la première fois de "mettre en place un régime de change déterminé par le marché pour renforcer la confiance et encourager l'entrée de devises" dans le pays.

Depuis des mois, la Banque centrale nigériane soutenue par le président Muhammadu Buhari, est en effet accusée d'avoir fait fuir les investisseurs en refusant toute dévaluation et en maintenant la valeur du naira à un taux artificiel (315 nairas pour un dollar, contre 520 nairas/dollar au marché noir).

Pour donner de l'air aux opérateurs économiques asphyxiés, elle a consenti en février à puiser dans ses réserves de change et à injecter dans l'économie plusieurs centaines de milliards de dollars. Mais ces mesures ponctuelles n'ont rien résolu sur le long terme.

Si les économistes approuvent l'apparent changement de cap des autorités, ils restent dubitatifs quant à la mise en place d'un taux de change flexible, dont les modalités ne sont pas précisées dans le document.

"La réforme clé est la politique de change parce que c'est le goulot d'étranglement qui freine beaucoup d'activités" estime Razia Khan. Mais "tant que nous n'avons pas plus de clarté sur la façon dont cette question va être traitée, il est très difficile de déterminer quelles seront les conséquences sur la croissance".

Pour John Asbourne, de Capital Economics, le programme comporte des contradictions et laisse entrevoir "peu de changement", dans la mesure où le gouvernement continue à tabler sur un taux de change "peu réaliste" de 305 nairas/dollar jusqu'en 2020 (selon les chiffres prévisionnels du document).

"Vouloir un taux de change stable n'est pas nécessairement une mauvaise chose, explique-t-il à l'AFP, mais cela ouvre la possibilité que la banque intervienne pour le stabiliser, ce qui ne sera donc pas très différent du système actuel".

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