PARIS (Reuters) - Deux policiers de la brigade des stupéfiants étaient toujours en garde à vue mardi dans l'enquête sur le vol fin juillet de 52 kilos de cocaïne dans les locaux de la Police judiciaire de Paris, a-t-on appris de source judiciaire.
L'annonce de la disparition de la drogue avait créé la stupeur au sein de la PJ, dont l'image avait déjà été ternie, récemment par la mise en examen de deux officiers pour viol.
Jugeant l'affaire très grave, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a ordonné un audit "rigoureux et approfondi" de la brigade des stupéfiants.
"Au-delà des accès, je souhaite que les méthodes, les procédures, les pratiques professionnelles soient passées au crible", a-t-il expliqué.
Le principal suspect interpellé samedi par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) est un brigadier de 34 ans qui nie les faits, dit-on de source policière.
Il avait été arrêté sur son lieu de vacances, à Perpignan, après avoir été reconnu sur des images des caméras de vidéosurveillance installées aux entrées de la PJ, au 36 Quai des Orfèvres.
Les bandes avaient été saisies après la découverte, jeudi, de la disparition de la drogue, d'une valeur de 2 millions d'euros à la revente et qui n'a toujours pas été retrouvée.
Une policière de garde interrogée par les enquêteurs avait signalé le passage, du 24 au 25 juillet dernier, d'un collègue portant deux gros sacs en plastique.
20.000 EUROS EN ESPÈCES
Le second policier, lui aussi membre de la brigade des stupéfiants, a été interpellé lundi en fin de journée, a-t-on précisé de même source.
Les enquêteurs cherchent à savoir s'il n'a pas aidé son collègue à accéder à la salle où sont conservés les scellés des saisies de drogue. Selon plusieurs médias, il apparaît sur les relevés bancaires du principal suspect.
Des policiers spécialisés dans les techniques financières et informatiques tentent d'exploiter les téléphones et ordinateurs saisis lors de plusieurs perquisitions.
Au troisième jour de garde à vue, le brigadier nie toujours être l'auteur du vol en dépit de la découverte de 20.000 euros en espèces, dont la plus grande partie se trouvait dans un sac à dos qu'il portait lors de son interpellation.
Il a affirmé avoir gagné cet argent en jouant à des jeux en ligne, un argument souvent utilisé par "les voyous", a souligné l'ancien directeur de la PJ Claude Cancès mardi sur France info.
"Il y a toujours eu des flics ripoux et il y en aura toujours. C'est une infime minorité", a-t-il dit.
Les enquêteurs, qui ont entendu l'épouse du brigadier comme témoin, cherchent également à savoir comment ce dernier a acquis sept appartements ou chambres de bonne.
Ils ne s'expliquent pas comment un policier expérimenté, rodé aux techniques d'enquête, ne s'est pas douté qu'il serait filmé par des caméras dont il connaissait l'existence.
Amateur de course à pied, le brigadier écrivait en avril dernier sur un site spécialisé: "Elevé à la dure, j'ai un goût prononcé pour les épreuves difficiles".
(Gérard Bon, édité par Yves Clarisse)