par Costas Pitas et Michelle Martin
LONDRES (Reuters) - Les députés conservateurs britanniques ont réuni le quota des 48 lettres nécessaires pour déposer une motion de défiance contre le gouvernement de Theresa May et un vote pourrait intervenir à la Chambre des communes dès mercredi soir, a annoncé un élu conservateur, mardi soir.
"Nous aurons une motion de confiance de sorte que les parlementaires conservateurs voteront à bulletins secrets pour savoir s'ils ont confiance ou non dès la première opportunité qui, je pense, pourrait être demain (mercredi) soir", a dit le député Andrew Bridgen à la chaîne Sky News.
Bridgen a précisé qu'il pensait que le chef du groupe parlementaire conservateur aux Communes Graham Brady rendrait visite à la Première ministre mercredi matin.
Des sources au 10 Downing Street, la résidence de la chef du gouvernement britannique, ont indiqué ne pas avoir eu d'informations en ce sens de la part du groupe conservateur, rapporte le service politique de la BBC.
Graham Brady a demandé à voir Theresa May mercredi après la séance hebdomadaire des questions au gouvernement, indique la chef du service politique de la BBC.
Selon les règlements de la Chambre des communes, il faut que 15% des députés conservateurs, soit 48 sur 315, expriment par écrit leur volonté d'organiser un vote de défiance contre le chef du gouvernement pour que ce scrutin ait lieu.
Theresa May a décidé de reporter à une date non précisée le vote des députés britanniques sur le projet d'accord organisant le Brexit conclu avec les Européens fin novembre.
La Première ministre a pris cette décision car elle avait la certitude de ne pas disposer d'une majorité pour soutenir le texte qu'elle présentait.
THERESA MAY FRAGILISÉE
Theresa May a mené mardi des consultations auprès des dirigeants européens afin d'obtenir des ajustements sur le texte et que celui-ci puisse être accepté par les parlementaires britanniques.
Si les Européens ont exprimé leur souhait d'aider la Première ministre à trouver une issue à cette impasse politique, ils demeurent en revanche unanimes dans leur refus de négocier un nouvel accord remplaçant celui qui a été entériné fin novembre après dix-huit mois de discussions laborieuses.
Le chancelier autrichien Sebastian Kurz, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE, s'est entretenu au téléphone avec Theresa May et lui a confirmé que l'accord ne pouvait pas être renégocié, ont indiqué les services de la chancellerie autrichienne.
Kurz a toutefois dit qu'il allait examiner les moyens d'apporter de nouvelles assurances au Royaume-Uni sur la question de la clause de sauvegarde (backstop) sur laquelle se cristallise le blocage.
Le principal point d'achoppement concerne justement ce "backstop" destiné à empêcher le retour d'une frontière physique entre la République d'Irlande et l'Irlande du Nord supprimée depuis les accords de paix de 1998.
Les conservateurs les plus déterminés à sortir de l'UE demandent que cette clause contenue dans le projet d'accord soit purement et simplement supprimée car elle remet, selon eux, en cause la souveraineté du Royaume-Uni.
May a expliqué que ses discussions avec les Européens n'en étaient qu'au début. Elle entend obtenir des assurances sur le caractère provisoire de la clause de sauvegarde en espérant que cela sera suffisant pour surmonter les réticences au sein de son camp.
La Première ministre a regagné le 10 Downing Street mardi dans la soirée au terme de cette visite éclair en Europe.
Les dirigeants des Vingt-Sept doivent se réunir en sommet jeudi et vendredi à Bruxelles pour examiner la situation alors que la position de Theresa May semble de plus en plus fragile depuis qu'elle a reporté sine die le vote aux Communes sur le projet d'accord.
(Costas Pitas; Pierre Sérisier pour le service français)