Coup d'envoi du renouvellement des satellites de l'armée

Publié le 19/12/2018 19:30
© Reuters. COUP D'ENVOI DU RENOUVELLEMENT DES SATELLITES DE L'ARMÉE
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PARIS (Reuters) - Le premier des trois satellites de la composante spatiale optique (CSO), appelée à renouveler les capacités militaires d'observation de la France, a réussi mercredi son entrée en orbite.

Initialement prévu mardi mais reporté pour cause de vents d'altitude, le lancement du CSO-1 par une fusée russe Soyouz a finalement eu lieu à 13h37 locales (17h37 à Paris), depuis le Centre spatial guyanais de Kourou (commune de Sinnamary pour le pas de tir Soyouz).

Le satellite s'est séparé de son lanceur sans encombre une heure après le décollage, pour s'installer dans une orbite passant par les pôles, à 800 km au-dessus de la Terre, et signer le onzième et dernier lancement de l'année d'Arianespace.

Les satellites CSO, plus agiles que leurs prédécesseurs Hélios, produiront des images de n'importe quel point du globe d'une résolution inégalée en Europe, en quantité (environ 800 par jour) et mêlant noir et blanc, couleur et infrarouge.

Ces images seront partagées avec plusieurs partenaires européens, la Suède qui a mis à disposition une antenne de réception sur le cercle polaire à Kiruna, mais aussi la Belgique, et l'Allemagne et l'Italie dans le cadre d'un programme spatial européen plus large, Musis (Multinational Space-based Imaging System).

La maîtrise d'oeuvre du satellite CSO a été confiée à Airbus (PA:AIR) Defense and Space France tandis que l'instrument optique construit par Thalès Alenia Space se revendique comme l'appareil photo "le plus performant et le plus complexe jamais conçu en Europe et peut-être dans le monde".

En ligne avec la volonté du chef de l'Etat de bâtir une "stratégie spatiale de défense", la ministre des Armées Florence Parly s'est engagée en septembre à doter la France d'"une véritable autonomie stratégique spatiale" face à la militarisation de l'espace.

3,6 MILLIARDS D'EUROS POUR LES SATELLITES FRANCAIS

La loi de programmation militaire 2019-2025 a mis en réserve quelque 3,6 milliards d'euros pour le renouvellement des satellites de soutien à l'armée française.

En matière d'écoutes électromagnétiques, trois nouveaux satellites CERES prendront leur envol en 2020, tandis que le système satellite Syracuse IV, pour les télécommunications militaires, sera mis en orbite à l'horizon 2021.

Signe de leur volonté d'autonomie, les Européens se passeront bientôt et dès CSO-3 fin 2021, du lanceur russe historique Soyouz qui compte quelque 1.700 lancements à son actif, dont Sputnik en 1957, et continue de mobiliser en Guyane des membres de l'agence russe Roscosmos.

"Nous avons aujourd'hui, et ce lancement de CSO en est la preuve, la capacité d'agir dans ce domaine en coopération et en confiance avec la Russie", a déclaré la ministre des Armées Florence Parly à l'issue de la mise en orbite.

"Mais alors que le New Space change complètement le modèle économique des lanceurs et que notre environnement est en train de changer, peut changer à tout instant, la France et l'Europe ont besoin d'un accès libre et autonome à l'espace", a-t-elle poursuivi.

"Ce n'est donc pas une lubie, c'est une nécessité, car c'est dans l'espace que nous collectons les renseignements, c'est grâce à l'espace que nous communiquons et que nous guidons nos opérations", a-t-elle ajouté, citant le rôle du futur lanceur Ariane 6. "On ne peut donc pas être dépendant quand il s'agit de mettre en oeuvre des capacités aussi clés".

"La décision prise par les Européens, c'est d'avoir des lanceurs totalement européens, qui peuvent lancer l'ensemble de leurs charges utiles", résumait mardi à des journalistes Stéphane Israël, le PDG d'Arianespace, depuis le centre spatial.

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"Ce qui est aujourd'hui sur Soyouz sera demain sur Ariane 6 (à l'horizon 2020, NDLR) et Vega C (petit lanceur italien, NDLR), et notre partenariat avec Soyouz sera recentré autour des opportunités commerciales".

(Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)

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