Après une réunion rassurante de la Fed hier soir, et ce matin la décision de la Banque nationale suisse de tirer les taux d'intérêt en territoire négative, la monnaie unique européenne a 'cassé' ce matin les 1,23 dollar. Si elle les tient ce midi, elle cède cependant 0,13% à 1,2317 dollar, sans rebondir après une lourde chute de 1,45% la veille. L'euro recule maintenant de 10,5% contre le billet vert depuis le début de l'année.
Hier soir, la Fed a redonné le moral aux marchés d'actions en confirmant que certes, ses taux courts seraient relevés un jour ou l'autre en 2015. Mais elle l'a fait de manière plus souple que prévu : tout d'abord et contrairement à nombre d'anticipations, la célèbre formule selon laquelle les taux courts resteraient au bas niveau de 0-0,25% 'pendant une période considérable' après la fin des QE est toujours là.
Mais le communiqué contient une nouveauté qui vient modérer cette phrase sans l'oblitérer : 'le comité de politique monétaire juge qu'il peut faire preuve de patience avant d'entamer la normalisation de la politique monétaire'. Lors de la conférence de presse, Janet Yellen a ajouté qu'il faudrait attendre encore plusieurs réunions (a couple) du FOMC avant que ce relèvement ne se concrétise.
Selon l'agenda de la Fed, les prochains FOMC se termineront les 28 janvier, 18 mars et 29 avril 2015.
Un peu plus de croissance, et nettement moins d'inflation en raison essentiellement de la chute du brut : rassurante, la Fed a aussi relevé ses prévisions de croissance du PIB américain pour 2014, d'en moyenne 2,10 à 2,35% par rapport à la précédente édition, et celles de 2015 tablent toujours sur 2,8%. Notons que les projections d'inflations dite PCE tombent de 1,6 à 1,25% pour cette année, et de 1,75 à 1,30% pour 2015.
Bref, la hausse des taux cours américains se profile toujours, mais elle pourrait intervenir plus tard que le marché ne le pensait précédemment alors que la conjoncture demeurera favorable. 'Ce qui a suffit pour calmer l'angoisse des marchés et déclencher un rally des marchés d'actions', commentent ce matin les cambistes de Société Générale.
'La Fed a clairement agi ainsi afin de ne pas jouer le rôle du Grinch (sorte de croque-mitaine, selon le roman de Theodor Seuss Geisel, ndlr) à la veille de Noël', ajoutent-ils.
En conséquence, le dollar s'est apprécié pendant la conférence de presse de Janet Yellen vers son plus haut à six ans contre un panier de devises majeures, ajoutent les spécialistes de RTFX.
A l'inverse, en Europe, la BCE devrait probablement élargir l'année prochaine ses rachats d'actifs aux fonds d'Etat, dégradant ainsi son bilan. Et il semble évidemment hors de propos d'envisager de relever des taux courts récemment abaissés au plus près de zéro, tant la conjoncture reste atone sur le Vieux Continent. Ce qui donne trois bonnes raisons à l'euro de baisser contre le dollar.
Signalons environ un mouvement inhabituel du côté du franc suisse, face auquel l'euro prend 0,27% à 1,2043 franc l'euro. Toujours fermement décidée à empêcher sa devise refuge de s'apprécier en deçà des 1,20 franc l'euro, la Banque nationale suisse (BNS) a annoncé ce matin une mesure radicale.
Afin de renforcer ce niveau plancher, la banque centrale helvétique instaurera, à compter du 22 janvier 2015, un prélèvement de 0,25% l'an sur les comptes pour virement détenus auprès d'elle par un certain nombre de titulaires, dont les banques, dès lors que leurs avoirs cumulés excéderont 10 millions de francs suisses (un peu plus de huit millions d'euros). Son objectif : tirer les taux courts sur le franc suisse en territoire négatif.
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