La zone euro est de nouveau ébranlée par les craintes de contagion de la crise de la dette, après la baisse de la note de crédit de l'Italie, en pleine négociation entre Athènes et ses créanciers pour éviter un défaut de paiement de la Grèce.
"Nous ne voyons toujours pas venir de solutions aux problèmes d'endettement européen, qui pourraient se transmettre de la Grèce à des pays comme l'Italie", fustige ainsi Yutaka Miura, courtier chez Mizuho Securities.
L'agence américaine Standard & Poor's a abaissé d'un cran à "A", contre "A+" auparavant, la note de la dette à long terme de l'Italie, en raison de la fragilité de la coalition au pouvoir et de l'importante dette du pays. Elle a a en outre maintenu sa note sous "perspective négative", ce qui signifie qu'elle pourrait encore la dégrader à court ou moyen terme.
Si cette décision ne remet pas en cause à moyen terme la solvabilité de Rome, troisième économie de l'Union monétaire, elle nourrit les inquiétudes sur la santé de la zone euro, alors que les marchés financiers intensifient leur pression sur les pays périphériques.
"C'est un non événement car on l'avait anticipé", a toutefois commenté l'économiste Cédric Thellier chez Natixis. Mais "c'est le moment de prendre à bras-le-corps des problèmes -compétitivité- qu'on a repoussés depuis longtemps pour éviter un scénario à la grecque", ajoute-t-il.
Face à un endettement de 1.900 milliards d'euros, équivalant à 120% de son produit intérieur brut (PIB), l'Italie a adopté la semaine dernière un plan d'austérité draconien de 54,2 milliards d'euros avec l'objectif de ramener le budget à l'équilibre en 2013.
Mais ce plan de rigueur, combinant hausse des impôts et baisse des dépenses et adopté après de multiples modifications et tractations, ne convainc pas.
Comme avec Athènes, la Commission européenne a insisté mardi sur la nécessité pour l'Italie de dégager un "consensus politique national" sur les mesures de réduction du déficit et de la dette afin d'essayer de faire en sorte que les "partenaires sociaux" soutiennent le programme de rétablissement des comptes publics.
Sur les places financières, alors que les Bourses européennes et Wall Street reprenaient des couleurs, les craintes de contagion se sont déplacées sur le marché obligataire. L'Espagne a payé des taux en hausse pour se refinancer à 12 et 18 mois mardi, alors que la Grèce enregistrait un taux stable pour une émission à trois mois.
A Athènes, après une première téléconférence lundi soir, un nouveau rendez-vous entre le ministre grec des Finances Evangélos Vénizélos et les représentants de la "troïka" des créanciers du pays --Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international-- est attendu vers 17H00 GMT.
De l'issue de ce nouveau round de négociations dépend le versement en octobre --vital pour la Grèce-- de la sixième tranche de 8 milliards d'euros du prêt consenti l'an dernier au pays par la zone euro et le FMI.
En attendant, Athènes a démenti tout projet de référendum sur un maintien ou non du pays dans la zone euro, comme l'affirmait mardi la presse grecque.
L'agence de notation Fitch Ratings a estimé qu'une sortie de la zone euro d'un de ses Etats membres était improbable en jugeant que les jalons d'une solution existent déjà, autour d'une plus grande coordination des politiques économiques au sein de la zone euro, et un mécanisme commun pour faire respecter la discipline budgétaire.
Reste que la fébrilité persiste, en l'occurrence sur la solidité du secteur bancaire européen, la crise de la dette devant être le sujet principal des discussions entre les dirigeants du G20 et dans le cadre de la réunion d'automne du Fonds monétaire international (FMI) à Washington en fin de semaine, selon une source allemande.
La Commission européenne a estimé, avec le Fonds monétaire international, qu'une nouvelle recapitalisation des banques européennes serait "peut-être nécessaire" en raison de l'aggravation de la crise. Le FMI a de son côté mis en garde contre un risque de déstabilisation du système financier mondial tout entier si la crise de la dette en zone euro continue à se propager.
Les banques françaises continuent d'être sous pression. Selon le Financial Times, le groupe allemand Siemens a retiré un demi-milliard d'euros d'une banque française pour le placer auprès de la Banque centrale européenne (BCE). Qualifiant cette information de "spéculation", Siemens a refusé d'en dire davantage.
Selon l'agence de presse Dow Jones Newswires et un quotidien économique chinois, Bank of China a suspendu de son côté ses accords d'échanges de liquidités avec certaines banques européennes. Les établissements français Société générale, BNP Paribas et Crédit Agricole seraient concernés.