PARIS (Reuters) - La consommation française de gaz a baissé de 9,3% à 430 térawatts-heure (TWh) en 2022 en raison d'un climat doux, de la hausse des prix et des efforts d'économies d'énergies sur fond de crise liée à la guerre en Ukraine, selon un bilan publié vendredi par GRTgaz.
La baisse a atteint 16,6% pour la consommation des distributions publiques (-6% en données corrigées des effets du climat) et 11,5% pour les industriels, a précisé dans un communiqué l'opérateur de la majeure partie du réseau de transport de gaz en France.
Dans le même temps, les centrales de production d'électricité à partir de gaz ont vu leur consommation bondir de 54,4% en 2022 pour atteindre un record de 61 TWh afin de pallier les indisponibilités des centrales nucléaires d'EDF (EPA:EDF).
Les industries ayant le plus réduit leur consommation sont celles de la métallurgie, du raffinage-pétrochimie et des matériaux non métalliques et porcelaine (-19% pour chacun des trois secteurs), a également indiqué GRTgaz.
Pour compenser la baisse drastique des importations de gaz russe en Europe, avec une quasi-interruption à partir de l'été, les volumes de gaz naturel liquéfié (GNL) envoyés vers la France ont plus que doublé (+102% à 370 TWh) et les flux se sont inversés aux frontières du pays, avec 158 TWh de gaz qui ont transité vers la Suisse, l'Italie, la Belgique et l'Allemagne.
Les livraisons de gaz en France par canalisations ont en revanche chuté de 21% (278 TWh), selon GRTgaz, qui a transporté 708 TWh au total dans le pays en 2022 (+12%).
Le directeur général de l'entreprise, Thierry Trouvé, a estimé lors d'une conférence de presse que les stockages de gaz français devraient être mieux remplis que d'habitude à la fin de l'hiver, à hauteur de 40% environ.
"Le fait de démarrer avec 40% en point bas nous met en bonne posture pour l'hiver suivant", a-t-il souligné.
Les sites de biométhane raccordés au réseau ont produit 7 TWh de gaz renouvelable en France en 2022, au-delà des objectifs de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), qui visait 6 TWh en 2023. Les capacités annuelles de production dans ce domaine se sont établies à 9 TWh, soit 2,5 TWh de plus qu'en 2021.
GRTgaz a cependant mis en garde contre un fort risque de coup d'arrêt pour la filière du biométhane avec seulement 77 nouveaux projets inscrits dans le registre en 2022, à comparer avec un pic de 344 projets enregistrés en 2019.
Thierry Trouvé a souligné que cette forte baisse était due à des mesures prises depuis deux à trois ans par les pouvoirs publics, avec notamment une diminution des tarifs de rachat, au moment où les coûts de production ont augmenté sous l'effet de l'inflation, ainsi que des retards dans les appels d'offres prévus pour des gros sites de production et dans la mise en place de nouveaux mécanismes de soutien.
(Reportage Benjamin Mallet ; édité par Bertrand Boucey et Blandine Hénault)