par Marc Angrand
PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue en baisse et les Bourses européennes évoluent sur une note hésitante à mi-séance lundi tandis que les actifs refuges restent entourés, la perspective d'une prolongation du conflit commercial USA-Chine, celle d'un Brexit chaotique et l'incertitude politique en Italie continuant de peser sur le sentiment de marché.
Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en repli de 0,7% à 0,9%.
À Paris, le CAC 40 perd 0,51% à 5.300,84 points à 11h30 GMT. À Francfort, le Dax cède 0,26% et à Londres, le FTSE 100 recule de 0,48%. L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 est en baisse de 0,19%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 0,34% et le Stoxx 600 de 0,28%.
Les places européennes ont débuté la journée dans le vert mais sont repassées en territoire négatif en matinée, en dépit de la clôture positive des marchés actions chinois ((+1,45% pour l'indice SSE (LON:SSE) Composite), qui ont salué la stabilisation du yuan et un assouplissement des règles sur les appels de marge et les ventes à découvert.
En dehors de Chine, les craintes liées à la guerre commerciale sino-américaine, au Brexit et à la crise politique italienne continuent d'accaparer l'attention des investisseurs, et ce d'autant plus que l'agenda économique et financier du jour est très mince.
Goldman Sachs (NYSE:GS) a revu à la baisse sa prévision de croissance pour les Etats-Unis en estimant que la probabilité de voir les tensions commerciales avec la Chine conduire à une récession augmente et en précisant ne pas s'attendre à un accord entre les deux pays avant l'élection présidentielle américaine de novembre 2020.
Egalement marqué par les craintes liées à la sortie annoncée du Royaume-Uni de l'Union européenne et à la rupture de la coalition gouvernementale en Italie, le contexte favorise logiquement la volatilité, d'autant que les volumes sont limités par les congés d'été.
L'indice de volatilité de l'EuroStoxx, s'il a reflué par rapport à son pic de mercredi dernier, reste en hausse de plus de 60% par rapport à début juillet. Comme le résume Deutsche Bank (DE:DBKGn), "le pic des vacances d'été n'étant pas passé et la liquidité pouvant donc devenir un sujet plus important encore, le risque est que la volatilité soit là pour un moment encore".
LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET
VALEURS EN EUROPE
Parmi les secteurs affichant les plus fortes baisses du jour, les banques (-1,20%) continuent de souffrir de la baisse des rendements obligataires, un handicap pour leur rentabilité, tandis que l'automobile (-0,80%) et les ressources de base (-0,34%) pâtissent une nouvelle fois des tensions commerciales.
AMS chute de 8,38% à Zurich, l'une des plus fortes baisses de l'indice Stoxx 600, après s'être dit prêt à débourser 38,50 euros par action pour racheter Osram, soit 10% de plus que ce que proposent les fonds Bain Capital et Carlyle. Le titre du spécialiste allemand de l'éclairage bondit de 9,64% à Francfort.
A Paris, les plus fortes baisses du CAC 40 sont pour des valeurs exposées aux tensions commerciales, comme LVMH (-2,72%) ou ArcelorMittal (-1,58%).
A la hausse, le gestionnaire d'actifs Amundi (+0,72%) profite d'un relèvement de conseil de Goldman Sachs, passé à l'achat.
L'industriel suisse ABB gagne 4,02%, le marché semblant apprécier l'annonce de l'arrivée à sa tête de Björn Rosengren, actuel directeur général de Sandvik.
Les rendements des emprunts d'Etat de référence sont de nouveau orientés à la baisse, de plus de cinq points de base pour le dix ans américain à 1,683% et d'un peu moins d'un point pour son équivalent allemand à -0,59%, un mouvement logique sur un marché dominé par l'aversion au risque.
Les rendements italiens, eux, refluent, à 1,761% (-6,1 points de base) pour le dix ans, après leur forte hausse de la semaine dernière. L'impact de l'éclatement de la coalition entre la Ligue et le M5S est compensé en partie par le maintien de la note souveraine de Fitch et le début de mobilisation de l'opposition italienne face aux ambitions de la Ligue de Matteo Salvini.
L'écart de rendements ("spread") entre les taux à dix ans italien et allemand reste toutefois de 234 points de base, non loin du pic atteint vendredi à 239 pdb.
CHANGES Le dollar est pratiquement inchangé face à un panier de devises de référence (+0,02%) et l'euro est lui aussi quasi stable face au billet vert, autour de 1,1195.
La séance profite en revanche au yen, qui s'apprécie de près de 0,5% contre la monnaie américaine, face à laquelle elle a inscrit un plus haut de près de 18 mois à 105,15, et qui monte aussi face à l'euro et à la livre sterling.
Le franc suisse est également recherché, en dépit des signes montrant que la Banque nationale suisse (BNS) continue d'intervenir sur le marché pour le freiner.
La livre sterling reprend un peu de terrain après avoir touché un plus bas de dix ans face à l'euro (en excluant le "flash crash" de 2016) à 93,26 pence, et un plus bas de plus de deux ans et demi face au dollar à 1,2015.
PÉTROLE
Le baril reste pénalisé par les craintes de ralentissement de la demande mondiale, l'une des conséquences économiques probables du conflit sino-américain.
Le Brent revient tout près des 58 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) sous 54 dollars.
Nombre d'analystes estiment désormais que l'Opep et ses alliés devront continuer de réduire leur production pour soutenir les cours. "Si les coupes de l'Opep ne sont que prolongées en 2020, les prix vont encore baisser par rapport aux niveaux actuels", prévient ainsi Bernstein Energy dans une note, en estimant à un million de barils par jour la réduction de production du cartel nécessaire en 2020 pour assurer le maintien du brut à 60 dollars le baril.
Signe que l'aversion au risque reste importante, l'or est de nouveau orienté à la hausse et le prix de l'once de métal se maintient au-dessus du seuil de 1.500 dollars. Il a augmenté de 4% la semaine dernière et sa progression depuis le début de l'année avoisine désormais 17%.
(Édité par Véronique Tison)