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Le chef des armées exaspéré par les arbitrages de l'exécutif

Publié le 13/07/2017 13:01
© Reuters. LE CHEF DES ARMÉES EXASPÉRÉ PAR LES ARBITRAGES DE L'EXÉCUTIF

PARIS (Reuters) - Le chef d'état-major des armées françaises ne décolère pas contre la coupe budgétaire de 850 millions d'euros imposée au ministère de la Défense, relayant l'incompréhension d'une communauté militaire déjà sous tension qui juge que les moyens alloués ne sont pas à la hauteur des missions extérieures (Sahel, Levant) et intérieure (Sentinelle) actuelles.

Le général Pierre de Villiers, maintenu jusqu'au 31 juillet 2018 à la tête des armées par un décret de la ministre des Armées Florence Parly paru mercredi au Journal officiel, n'a pas mâché ses mots devant les membres de la commission de la Défense de l'Assemblée, comme l'a signalé Challenges.

L'officier a réagi mercredi avec virulence à l'annonce des économies demandées à l'ensemble des ministères la veille par le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin, qui a plaidé pour une "réduction du train de vie" de l'Etat afin de tenir le déficit public sous la barre des 3% du PIB en 2017.

"Je ne me laisserai pas b... comme ça", a-t-il notamment lâché, comme confirmé par des sources parlementaires à Reuters.

Le général de Villiers a précisé qu'"un coup de pouce" lui avait été promis par la ministre pour 2018, une assurance qui n'a en rien dissipé ses inquiétudes. "Je suis c..., mais je sais quand on veut m'avoir", a-t-il dit.

"Quand on a lui a posé la question de la démission, il n'a pas répondu", a-t-on indiqué de mêmes sources à Reuters.

Malgré sa pugnacité et sa connaissance précise des rouages des finances publiques, Florence Parly n'a pu préserver son périmètre, qui est l'un des plus affectés par ce mini-plan de rigueur, a rapporté un conseiller.

"On ne sait pas comment on va atterrir. On espère repartir sur des bases un peu plus saines pour 2018", confiait-on mardi dans son entourage.

Dans un entretien paru jeudi dans Ouest-France et les journaux du groupe allemand Funke, Emmanuel Macron réaffirme son objectif de porter les ressources de la Défense à 2% de la richesse nationale en 2025, hors pensions et surcoût des opérations extérieures (Opex).

"BUDGET AMBITIEUX"

"A un moment où on fait des économies nécessaires, nous maintiendrons un budget ambitieux pour notre Défense", dit-il dans une phrase sybilline.

Le chef de l'Etat devait s'exprimer jeudi soir au ministère de la Défense lors de la traditionnelle cérémonie réunissant les militaires participant au défilé du 14-Juillet à Paris.

Dans un entretien paru mercredi dans Les Echos, le Premier ministre, Edouard Philippe, a promis "un effort supplémentaire" pour les armées dès l'année prochaine, sans plus de précisions.

Les 850 millions d'économies, a-t-on précisé dans l'entourage de Florence Parly, proviendront des 2,7 milliards d'euros de crédits gelés pour l'exercice en cours au titre des régulations annuelles.

Dans le détail, cette mesure de régulation, prise dans le cadre de la loi de finances 2017, concerne : une réserve de précaution de 1,6 milliard d'euros, un gel des crédits de report de 2016 sur 2017 à hauteur de 715 millions (décidé en mars) et un "surgel" de 350 millions d'euros (en avril).

Le budget de la Défense, hors pensions, s'établit en 2017 à 32,7 milliards d'euros.

"L'armée a fait beaucoup beaucoup d'efforts. Trop d'efforts, ça met en cause la souveraineté du pays. On est devant des dépenses nucléaires extrêmement importantes. Il faut renouveler du matériel. Il faut aider les industriels de l'armement en France à innover", a déclaré jeudi sur RTL Eric Woerth (Les Républicains), président de la commission des Finances de l'Assemblée.

"L'armée française, elle est maltraitée dans ce décret d'avance (...). Je peux comprendre que les chefs militaires considèrent qu'on ne peut pas risquer la vie d'un certain nombre de soldats, faire de la géopolitique au travers de nos propres armes et ne pas avoir les moyens d'en faire", a-t-il ajouté.

Fin mars, devant le Cercle des économistes, le général Pierre de Villiers avait plaidé pour un effort à hauteur de 2% du PIB dès 2022, surcoût des Opex et pensions inclus.

Depuis 2013, le surcoût des opérations extérieures dépasse 1,1 milliard d'euros. Il a atteint 1,14 milliard en 2016.

© Reuters. LE CHEF DES ARMÉES EXASPÉRÉ PAR LES ARBITRAGES DE L'EXÉCUTIF

Au total, 7.000 militaires français sont déployés aujourd'hui sur des théâtres extérieurs, dont 4.000 pour la seule opération Barkhane au Sahel.

(Sophie Louet avec Emile Picy et Caroline Pailliez, édité par Yann Le Guernigou)

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