par Blandine Henault
PARIS (Reuters) - La victoire des séparatistes aux élections régionales en Catalogne pèse vendredi sur la Bourse de Madrid, l'euro et les obligations espagnoles mais l'effet de contagion aux autres places en Europe, via le repli du secteur bancaire, reste néanmoins limité.
À Paris, le CAC 40 cède 0,37% à 5.365,98 points vers 11h40 GMT, et à Francfort, le Dax abandonne 0,28%. L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 recule de 0,16%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 0,45% et le Stoxx 600 de 0,13%.
A Londres, le FTSE (+0,04%) évolue encore à un plus haut historique, à moins d'une heure de la clôture, aidé par le repli de la livre sterling et la hausse récente des prix des matières premières.
A Wall Street, les futures sur les indices new-yorkais de référence signalent une ouverture en hausse de l'ordre de 0,1%, après le vote du Congrès américain sur des financements temporaires pour l'Etat fédéral qui a permis in extremis d'éviter la fermeture des administrations publiques aux Etats-Unis ("shutdown").
La séance de vendredi à Wall Street sera animée notamment par la publication, à 13h30 GMT, de l'indice des prix "core PCE", la mesure d'inflation la plus surveillée par la Réserve fédérale américaine.
En Espagne, le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, compte faire une déclaration ce vendredi à 13h00 GMT, au lendemain de la victoire du camp indépendantiste lors des élections régionales en Catalogne.
Le moment est venu d'engager un dialogue, a déclaré vendredi à Bruxelles l'ex-président de Catalogne, Carles Puigdemont, et de réparer les dégâts causés par l'application de l'article 155 de la Constitution espagnole - la mise sous tutelle de la Généralité par Madrid.
LES BANQUES ESPAGNOLES CHUTENT
Les partis séparatistes ont obtenu la majorité absolue et devraient donc rester au pouvoir, ce qui constitue un désaveu pour Madrid, qui espérait que ce scrutin les affaiblirait et mettrait fin à la crise qui agite la région la plus riche d'Espagne depuis l'automne.
"Le résultat des élections catalanes est pire qu'attendu pour le gouvernement central. Bien qu'il n'y ait pas de risque dans l'immédiat, cela suggère que le risque extrême d'une indépendance de la Catalogne n'est pas près de disparaître. Cela pourrait mettre sous pression les investissements des entreprises de la région", soulignent les analystes de Kepler Cheuvreux.
Principales victimes du vote catalan, les valeurs bancaires espagnoles chutent vendredi, avec notamment une baisse de 3,1% pour Caixabank et de 2,91% pour Banco de Sabadell.
L'ensemble du compartiment des banques de la zone euro accuse un repli de 0,93%.
L'euro est retombé jusqu'à 1,1815 dollar à l'annonce du résultat du vote catalan, avant de limiter ses pertes. La devise unique recule de 0,19% à 1,1851.
Sur le marché obligataire, le rendement des obligations espagnoles à 10 ans grimpe de quatre points de base, à 1,51%, et le spread avec le Bund allemand de même échéance s'est élargi jusqu'à près de dix points de base.
NETTE REMONTÉE DES TAUX DE L'EUROPE DU SUD
Le mouvement de vente sur les obligations espagnoles se propage aux emprunts d'Etat italiens et portugais. Le 10 ans portugais, qui a bénéficié d'une forte demande en début de semaine après le relèvement de la note du Portugal par S&P, recule en particulier de près de dix points de base, pour retomber à moins de 1,86%.
Au-delà des mouvements liés au vote catalan, la cote européenne est marquée par les bonds d'Eutelsat (+4,01%) et de SES (+2,35%) après un relèvement de recommandation de Kepler Cheuvreux sur les deux opérateurs de satellites de télécommunications.
Le compartiment immobilier (-0,34%) reste affecté par la nette remontée des taux cette semaine en Europe. A Paris, Unibail-Rodamco (AS:UNBP) (-1,65%) accuse le plus fort repli du CAC 40.
Sur le marché pétrolier, les cours du brut évoluent en baisse après leur progression de la veille liée à des espoirs concernant une sortie progressive du programme de réduction de la production entrepris par l'Opep.
Le baril de Brent recule vers 64,63 dollars, après avoir touché jeudi un plus haut depuis juin 2015, à 64,90 dollars, et le baril de brut léger américain retombe vers 58 dollars.
(édité par Patrick Vignal)